Georges-Antoine ROCHEGROSSE (1859-1938)
La mer à Sidi-Ferruch, vers 1900
Huile sur toile
38 x 45,5 cm
Signé en bas à gauche G. Rochegrosse
Vendu
Peintre aux compositions grandiloquentes et dessinateur fécond, Rochegrosse accepte en 1893 de réaliser à la demande de l’éditeur Ferroud, une suite importante d’illustrations pour l’édition de luxe de Salammbô. Le peintre eut l’occasion enfant de rencontrer Gustave Flaubert chez son beau-père le poète Théodore de Banville. En quête d’authenticité, il voulut voir l’antique Carthage, cité où se déroule l’histoire du roman, mais à son arrivée en Tunisie, il fut déçu de ne pas découvrir dans les ruines le souvenir flamboyant des décors décrits méticuleusement par Flaubert.
Il décida alors de se rendre à Alger en avril 1894 pour un premier séjour. Trouvant enfin l’inspiration, il y revint une seconde fois et fit la connaissance de Marie Leblon, son modèle et sa muse, qu’il épouse en 1896. À partir de ce jour, le couple alterne période de vie parisienne dans l’atelier de la rue Chaptal et séjours algérois. Depuis la célèbre villa des Oliviers où il réside, le peintre développe un style plus intimiste. Les jardins luxuriants lui inspirent des toiles baroques alors que l’horizon infini de la Méditerranée guide son œuvre vers un minimalisme inédit jusqu’alors dans sa production.
Cette marine, peinte sur une toile tout juste préparée, oppose le brun de la plage de sable presque en réserve aux tons bleu, vert et violet de la mer et du ciel, relevés d’épaisses touches de peinture blanche. La composition échappe à la tentation abstraite par son écriture impressionniste et contraste, par l’absence, avec la profusion humaine qui peuple habituellement ses peintures de Salon. Ici, ni âme ni voile pour perturber la vue toute contemplative dans laquelle l’œil du peintre semble vouloir se perdre. La vie doucereuse algéroise dans laquelle s’épanouissaient le peintre et son épouse s’interrompt lorsque Marie s’engage comme infirmière à la déclaration de guerre de 1914, puis cesse définitivement quand elle décède en 1920. Inconsolable, Rochegrosse rentre en France après avoir fait ériger un mausolée face à la mer en souvenir de sa compagne. À partir de ce jour, il ajouta au bas de ses toiles l’initiale M de Marie, signant G.M Rochegrosse.