ANONYME FRANÇAIS, fin XIXe siècle

Opium, vers 1890-1900
Huile sur toile
79 x 149 cm

Cette grande toile devait orner les murs d’une fumerie d’opium ou d’une maison close de la fin du XIXe siècle. Suite à la conquête de l’Indochine par les armées françaises, la consommation d’Opium se répand à Paris et dans les grandes villes portuaires à partir des années 1860. Certaines de ces fumeries aux riches décors d’inspiration asiatique, reçurent les plus grands noms de la littérature française, de Charles Baudelaire à Jean Cocteau.  De nombreux bordels possédaient également leur salon d’opium réservé aux initiés.

Sur ce tableau, nous pouvons voir une jeune divinité allongée portant des ailes de papillon. Elle est entourée de fleurs de Pavot (dont on tirait l’opium) et tient dans sa main deux tiges contenant les graines de la fleur. La fumée qui se dégage d’un braséro au premier plan, se disperse vers la droite de l’œuvre où deux angelots s’abandonnent à des rêves opiacés.  Ce tableau témoigne d’une époque et d’une addiction que Baudelaire sut décrire dans Les paradis artificiels et dans Les fleurs du mal :

L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.

Charles Baudelaire, Le Poison, 1860