Jules Eugène LENEPVEU (1819-1898)

Allégorie des Arts et des Sciences, vers 1881
Projet de plafond pour l’hôtel de Georges Hachette à Paris
Huile sur toile
40 x 55,6 cm
Signé en bas au centre J.E. Lenepveu

Jules Eugène Lenepveu, originaire d’Angers, entre à l’école de dessin de cette ville à l’âge de quatorze ans avant de s’inscrire à l’École des beaux-arts de Paris en 1837. Durant ses années d’études parisiennes, le jeune artiste fréquente l’atelier de François Édouard Picot, tout en se préparant pour le prix de Rome. Lenepveu fait ses débuts au Salon de 1843 en exposant sa toile L’Idylle puis remporte le grand prix en 1847 avec sa Mort de Vitellius. À Rome, il fréquente les autres pensionnaires de la Villa Médicis, parmi lesquels les peintres Félix Barrias, Alexandre Cabanel, William Bouguereau et Paul Baudry, mais aussi l’architecte Charles Garnier. Après 1852, le peintre prolonge son séjour italien de deux années avant de rentrer en France. Son tableau Les Martyrs aux catacombes, exposé au Salon de l’Exposition universelle de 1855, est acquis par l’État pour être accroché au musée du Luxembourg. Cette consécration fait venir à lui un grand nombre de commandes publiques et privées. Lorsque son ami Charles Garnier remporte le concours pour la construction du nouvel opéra de Paris, il réserve la réalisation du plafond principal à son ancien compagnon de pensionnat. L’œuvre achevée remporte un immense succès auquel Lenepveu, directeur de la Villa Médicis depuis deux ans, ne peut assister lors de l’inauguration de la salle le 5 janvier 1875. 

De retour à Paris en 1879, le peintre est rapidement sollicité par Garnier pour réaliser, à titre privé, les décors de son propre salon puis pour la création d’un nouveau plafond dans un hôtel particulier du boulevard Saint-Germain. L’architecte qui vit dans ce quartier venait d’accepter un nouveau projet à la demande de Georges Hachette, le célèbre éditeur : construire sur une parcelle de trois mille mètres carrés un immeuble locatif de luxe côté rue et un hôtel particulier entre cour et jardin pour servir de résidence à la famille du commanditaire. Lenepveu doit pour sa part décorer le plafond du grand salon. Comme il est d’usage pour ce type de demande, le peintre commence par réaliser un modello de présentation le plus détaillé possible. Conçu à la façon des trompe-l’œil du Grand Siècle, le projet célèbre les arts et les sciences en une succession d’allégories dont certaines prennent les traits de membres de la famille Hachette. Au centre, l’artiste peint la figure d’un Apollon solaire conduisant son char sur les nuages. Achevée en atelier, la vaste toile est marouflée au plafond du grand salon en 1881. 

Restée en place pendant plus d’un siècle au 195 boulevard Saint-Germain, l’œuvre fut détruite lors d’un incendie le 27 juin 1996. La grande esquisse de présentation, conservée dans son cadre ouvert à la vue, témoigne de l’œuvre définitive aujourd’hui disparue. Une autre version non signée a été présentée à Angers en 2022 lors de l’importante rétrospective que le musée des Beaux-Arts a consacrée au peintre.