Pietro PAJETTA (1845-1911)

Jeune homme endormi sur un balcon, 1880
Huile sur panneau
27 × 17,7 cm
Signé et daté en bas à droite PPajetta 1880
Vendu
Pietro Pajetta, originaire de Vittorio, près de Venise, est très tôt initié au dessin par son père, le peintre Paolo Pajetta (1809-1869), avant de poursuivre sa formation artistique auprès de Giuliano Zasso à l’Académie de Venise. Le 17 mars 1861, la proclamation du royaume d’Italie, qui fait suite à la guerre d’unification du Risorgimento, n’intègre pas encore la Vénétie. Quelques mois plus tard, le jeune homme alors âgé de seize ans gagne Ferrare pour s’enrôler dans l’armée en 1862. D’abord envoyé à Plaisance, au deuxième régiment du génie, il rejoint Bologne où son talent d’artiste est remarqué par le général Cialdini qui l’autorise à s’inscrire à l’Académie. Après deux années d’études, il est envoyé à Alexandrie dans le Piémont comme dessinateur mécanique et photographe pour le corps des ingénieurs. Son activité artistique prenant peu à peu le pas sur ses obligations militaires, Pietro Pajetta quitte l’armée et participe à l’exposition de Turin en 1869. Sous l’influence de certains peintres du mouvement des Macchiaioli, le jeune homme s’intéresse aux sujets sociaux et ruraux dont les acteurs sont principalement des ouvriers et des paysans. Installé durablement à Plaisance, il ne parvient pas à vivre de sa peinture et doit accepter des travaux alimentaires de peintre en bâtiment. Pajetta ne cesse pas pour autant d’envoyer ses œuvres aux grandes expositions de Turin, Naples, Milan et Venise. En 1880, alors qu’il travaille sur une toile intitulée Il Futuro Condottiero di eserciti pour sa participation au salon de Turin, l’artiste réalise une œuvre plus intime sur une petite planche de bois irrégulière.
Allongé, dos au mur, sur un balcon, un jeune garçon s’est endormi. Chaussettes hautes et pantalon court, l’écolier n’a pu venir à bout du livre qui gît, grand ouvert, sous sa main. Coiffé d’un calot militaire noir, à galon rouge, il semble plongé dans des rêves épiques. Posés sur le garde-corps, un peu de linge et un tapis sèchent, tandis que le soleil vient caresser la joue de l’enfant qui sommeille. Sur la gauche, l’aplat bleu du ciel ne parvient pas à rafraîchir l’impression pesante de chaleur d’un après-midi d’été en Italie. L’artiste, qui prend soin de ne pas réveiller son modèle tandis qu’il le peint, aura peut-être reconnu en lui le garçonnet qui, vingt ans plus tôt, rêvait de se battre pour l’unification de son pays.
Les œuvres de Pietro Pajetta commencent à rencontrer un certain succès à la fin des années 1880. Son style, évoluant vers un réalisme quasi photographique, dépasse le simple intérêt technique ou documentaire pour se charger d’une dimension volontiers poétique. Après 1890, l’artiste revient s’installer en Vénétie et participe en 1895 à la première Biennale de Venise. À la fin de sa vie, il se tourne vers la peinture religieuse et réalise de nombreuses toiles pour des églises de sa région avant de s’éteindre à Padoue, à l’âge de soixante-six ans.
