Jean-Baptiste CLÉSINGER, dit Auguste CLÉSINGER (1814-1883)

Bords du Tibre. Soleil couchant au pied du monte Mario, vers 1860
32,2 × 40,4 cm
Huile sur panneau
Localisé, contresigné et numéroté au dos Bords du Tibre/soleil couchant au/pied du mont Mario/J. Clesinger/No 6034
Auguste Clésinger, né en 1814, fait son apprentissage artistique auprès de son père Georges Philippe Clésinger. Ce dernier, sculpteur et professeur à l’école des Beaux-Arts de Besançon, part avec lui en 1832 pour l’Italie. À Rome, l’adolescent devient l’élève du célèbre sculpteur danois Bertel Thorvaldsen mais, trop dissipé, est rapidement renvoyé en France. De retour à Besançon, son comportement dispendieux lui attire de nouveaux problèmes. Criblé de dettes, il est condamné en 1835 et doit fuir vers la Suisse. Trois ans plus tard, il découvre enfin Paris et fait la connaissance du sculpteur David d’Angers qui l’accepte dans son atelier. Le jeune artiste, qui participe pour la première fois au Salon en 1843, accède à la célébrité par la voie du scandale en 1847. Sa Femme piquée par un serpent, sculpture à taille réelle d’un réalisme cru, représente une courtisane célèbre, Apollonie Sabatier, muse de Charles Baudelaire et maîtresse d’un riche industriel. Si les bourgeois feignent de se sentir outragés, le petit monde littéraire et artistique d’avant-garde crie au génie. La même année, Clésinger épouse Solange Gabrielle Dudevant, la fille de George Sand.
En 1856, le sculpteur décide de repartir seul vers l’Italie pour s’y installer ; le mariage n’aura duré que cinq ans. Fort d’une réputation qui le précède, l’artiste mène grand train dans la Ville éternelle. S’il modèle certains de ses chefs-d’œuvre durant ce séjour, à l’image de son Taureau romain, Clésinger peint également beaucoup et multiplie ses envois de paysages à Paris pour le Salon. En 1859, en plus de son Ève saluée par Baudelaire et vraisemblablement achetée par Alexandre Dumas, il présente deux paysages de la campagne de Rome. Ses œuvres italiennes, souvent étirées jusqu’au panorama et peintes avec une rapidité d’exécution manifeste, gardent le souvenir des rencontres de Clésinger avec Théodore Rousseau à Barbizon quelques années plus tôt. Les forts effets de contre-jour, la saturation des couleurs et le geste visible y sont d’une surprenante modernité. L’une de ces œuvres, titrée Bords du Tibre. Soleil couchant au pied du mont Mario, exécutée sur un panneau, montre une vue bleutée du dôme de Saint-Pierre depuis la campagne. Le ciel bigarré, passant du jaune au bleu, s’y couvre d’un halo rose et gris. Au premier plan, au bord d’une mare, des buffles massifs au pelage de cendre viennent s’abreuver à la faveur de la fraîcheur du jour finissant.
À son retour définitif en France, en 1864, l’artiste expose deux nouveaux paysages romains qui sont acquis par Mme Isaac Pereire, l’épouse du riche industriel et homme politique. Sculpteur emblématique du Second Empire, Auguste Clésinger aura eu tout au long de sa vie autant d’admirateurs que de détracteurs. Si ses sculptures sont présentes aujourd’hui dans les plus grands musées du monde, sa peinture reste encore relativement méconnue du grand public.
