Rosa BONHEUR (1822-1899)

Arbre noueux dans la forêt de Fontainebleau, vers 1860
Huile sur papier marouflé sur toile
20 × 32 cm
En bas à droite, cachet de la signature (L.274) ; sur le châssis, cachet de cire rouge de la vente d’atelier de 1900 (L.276)
Provenance : vente Atelier Rosa Bonheur, Paris, galerie Georges Petit ; galerie Les Deux-Îles, Paris ; Robert Isaacson, New York ; Charles Ryskamp, New York ; collection particulière, New York
Exposition : New York, Shepherd Gallery, The Forest of Fontainebleau, 1972, no 99 : « Landscape study with a dead tree, c.1860 », reproduit
Vendu
« Voici des arbres que j’aime à la folie, s’écria Rosa Bonheur avec chaleur, ces chênes, ces hêtres, ces bouleaux, ces genévriers, ne sont-ils pas plus pittoresques que les sentinelles de la Croix du Grand-Maître. » Anna Klumpke, Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, Paris, Flammarion, 1908
Rosa Bonheur est très tôt encouragée par son père, artiste peintre de petite notoriété, à faire une carrière artistique. La jeune fille s’échappe des tourments d’une enfance difficile en lisant les romans champêtres de George Sand et en apprenant le dessin auprès de son père. Douée d’un talent précoce, Rosa fait ses débuts au Salon de 1841 alors qu’elle n’a que dix-neuf ans et enchaîne les récompenses aux éditions suivantes. En 1849, son tableau Labourage nivernais, commandé par l’État, connaît un succès public retentissant avant d’être accroché au musée du Luxembourg. La décennie 1850 se terminant, Rosa Bonheur est déjà une peintre animalière célèbre. Ses grandes toiles représentant des vaches, des moutons ou des chevaux sont prisées jusqu’en Angleterre et aux États-Unis. Sa production vendue d’avance lui permet de ne plus participer au Salon après 1855. À trente-huit ans, elle s’installe en Seine-et-Marne dans le village de By et y fait construire un immense atelier ainsi que des enclos pour ses animaux. À proximité de la forêt de Fontainebleau et du village de Barbizon, la région offre des paysages riches et verdoyants.
Quittant les sujets de prédilection qui ont fait sa gloire, l’artiste s’aventure parfois sur les chemins de forêt, son matériel sous le bras. Interrompant sa marche, elle remarque, en bordure de sentier, un tronc d’arbre dont les branches, sans feuilles, se tordent et s’entrelacent. En quelques coups de pinceau, elle capte les jeux d’ombres et d’une touche rapide marque les pleins et les creux du bois qui paraît s’animer sous nos yeux. Plus loin, un autre arbre à l’écorce gris foncé se penche en arrière comme surpris par les gesticulations immobiles du tronc noueux et dénudé. Le décor qui les entoure, plus esquissé encore, laisse transparaître la préparation crème du support de papier. Cette étude, par sa spontanéité, évoque celles, nombreuses, des peintres célèbres qui l’ont précédée dans ces bois depuis le début du siècle, à l’image de Camille Corot, Jules Coignet ou Théodore Rousseau.
Dans sa maison-château de By, la peintre reçoit la visite de l’impératrice Eugénie en 1864 pour un déjeuner, puis en 1865 pour recevoir l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur. Une première pour une femme peintre. À partir de 1889, elle partage sa vie avec une autre femme peintre d’origine américaine, Anna Klumpke, de trente-quatre ans sa cadette. Elle dispense de nombreux conseils à sa jeune amie et l’incite à peindre sur le motif. Après la mort de Rosa Bonheur en 1899, Anna commence à rédiger une biographie dans laquelle elle évoque ses nombreux souvenirs et cite régulièrement son amie et maître. Elles occupent aujourd’hui un même caveau au cimetière du Père-Lachaise.
