Charles Camille CHAZAL (1825-1875)

Périclès au lit de mort de son fils, vers 1851
Esquisse pour le prix de Rome de 1851
Huile sur toile
21,5 × 26,5 cm
Provenance : collection particulière, Belgique
Œuvre en rapport : Charles Camille Chazal, Périclès au lit de mort de son fils, 1851, huile sur toile, 112 × 146 cm, collection particulière
Stratège, orateur et homme d’État, Périclès dirige Athènes durant l’âge d’or de la ville au ve siècle avant notre ère. Lorsqu’une épidémie frappe la cité grecque, vers - 430, Périclès voit mourir sous ses yeux plusieurs membres de sa famille et nombre de ses amis. Malgré le chagrin, la colère des Athéniens et la menace spartiate aux portes de la ville, il se maintient sans trembler aux responsabilités. Cependant, lorsque son dernier fils légitime et héritier, Paralus, meurt à son tour, Périclès, accablé, s’effondre en larmes sur le corps du jeune homme allongé. Cet épisode dramatique de l’histoire de la Grèce est choisi par l’Institut comme sujet pour le concours du prix de Rome de peinture en 1851. Depuis 1848 et l’instauration de la Deuxième République, les trois dernières épreuves ont porté sur des thèmes antiques plutôt que bibliques. Ulysse reconnu par Euryclée et Zénobie retrouvée sur les bords de l’Araxe servent respectivement de sujets aux candidats pour leurs compositions de 1849 et 1850.
Charles Camille Chazal a déjà concouru pour le grand prix, les trois années précédentes, lorsqu’il accède une nouvelle fois à l’épreuve finale en 1851. Né en 1825, le jeune artiste s’est d’abord formé auprès de son père, le peintre Antoine Chazal (1793-1854), avant d’entrer à l’École des beaux-arts en 1842 dans l’atelier de Michel Martin Drölling. Devenu l’élève de François Édouard Picot, il fait ses premiers pas au Salon de 1849 en exposant des portraits. Son esquisse de composition pour Périclès au lit de mort de son fils, étape préalable au grand format, ne montre que peu de variations avec l’œuvre définitive. Le héros antique y est représenté assis sur un lit près de son fils et tient entre ses mains une couronne de laurier qu’il s’apprête à déposer sur la tête du défunt. La blancheur du corps du jeune homme allongé accroche la lumière au centre de la pièce. Chazal entoure les deux personnages principaux de cinq figures éplorées, trois hommes et deux femmes, présentés dans des postures variées. Le décor, d’abord sobre, de la chambre funéraire va s’agrémenter de drapés et de fresques à l’antique, noires sur fond rouge, dans l’œuvre de grand format. La composition doit beaucoup à celle du Testament d’Eudamidas, peinte par Nicolas Poussin en 1653. Sa proposition n’obtient qu’une voix sur les onze du jury quand celle de Nicolas Chifflart, candidat désigné vainqueur, en reçoit neuf.
Après un nouvel échec l’année suivante, Chazal cesse de concourir pour se concentrer sur sa carrière et fait des envois réguliers au Salon. Soutenu par son frère aîné, Léon Augustin Chazal (1821-1898), contrôleur général à la Banque de France depuis 1848, il reçoit plusieurs commandes pour des motifs de billets entre 1862 et 1871 et est sollicité pour concevoir ceux de la Banco de Mexico en 1866. Par sa mère, Camille Chazal est le neveu de Flora Tristan, femme de lettres, militante socialiste et grand-mère du peintre Paul Gauguin, les deux artistes étant cousins.
