Jules Jean-Baptiste FOREY (1807-1854)

Le Cimabue rencontre le Giotto dessinant ses chèvres, 1843
Huile sur toile
63 × 50 cm
Signé et daté en bas à droite J. Forey. 1843 ; étiquette en haut à gauche du numéro porté au livret 701 ; sur le châssis, le numéro du registre du Salon et le nom de l’artiste 3592/Forey
Exposition : Paris, Salon de 1844, no 701 : « Le Cimabuë rencontre le Giotto dessinant ses chèvres »
Œuvre en rapport : Jules Forey, Giotto rencontré par Cimabue, esquisse [Dijon, salon de 1849], huile sur toile, non localisée
Vendu
Au xixe siècle, certains artistes deviennent des personnages historiques dignes d’être peints au même titre que les rois, les reines, les saints et les gloires militaires. Sous l’impulsion des peintres troubadour, les cimaises du Salon voient fleurir des « Mort de Léonard de Vinci » et des épisodes de la jeunesse de Raphaël. Cette tendance est le reflet d’un changement du statut de l’artiste qui cesse alors d’être considéré comme un simple artisan habile au service de l’Église et des puissants pour devenir, dans certains cas, une personnalité publique dont les gazettes relatent les dernières actualités. Hormis les figures tutélaires, déjà citées, largement illustrées, les artistes peuvent puiser leur sujet dans les Vite, imposant recueil de biographies d’artistes rédigé par Giorgio Vasari au milieu du xvie siècle. L’ouvrage connaît de multiples traductions en français, dont une par Just Tessier publiée en 1841.
En 1843, le peintre Jules Forey, originaire de Dijon, choisit pour son prochain tableau un épisode commun aux vies de Cimabue et Giotto, les deux principaux artistes italiens du xiiie siècle. Peut-être avait-il pu voir au Salon, deux ans plus tôt, la toile de Pierre Révoil sur ce sujet. Vasari a forgé la légende de cette rencontre : « À l’âge de dix ans […] Giotto dessinait sur la terre ou sur le sable, comme par une sorte d’inspiration, les objets qui frappaient sa vue ou les fantaisies qui occupaient son esprit. Un jour Cimabue, en allant de Florence à Vespignano, rencontra notre jeune pâtre qui, sans autre maître que la nature, dessinait une brebis sur une pierre polie, avec une pierre pointue. Cimabue, surpris, s’arrêta et lui demanda s’il voulait venir demeurer avec lui. » Dans son tableau, Forey représente le tout jeune Giotto vêtu d’une simple peau de bête et se désignant du doigt comme surpris que l’on s’intéresse à lui. Cimabue, accompagné d’un assistant, se penche sur l’enfant pour lui parler en montrant son dessin sur la pierre. À l’arrière-plan l’artiste ouvre sa composition sur un paysage évoquant la campagne italienne avec quelques chèvres, en lieu et place des brebis du texte de Vasari.
L’œuvre exposée au Salon de 1844, bien que remarquée par la critique, n’est pas récompensée. Le jeune Forey, qui avait obtenu plusieurs prix à l’école de dessin de sa ville natale, fait un bref séjour d’étude en Italie au milieu des années 1830. À son retour, il avait participé à l’exposition de la Société des amis des arts de Dijon de 1837 en présentant une Suzanne surprise par les vieillards peinte à Rome et plusieurs portraits. Trois ans plus tard, installé à Paris, il entre dans l’atelier de Louis Hersent pour parfaire sa formation. Jules Forey ne participe au Salon de Paris qu’entre 1843 et 1846, mais expose encore cinq œuvres à Dijon en 1849, dont une esquisse pour son Giotto de 1844. L’artiste qui conserve une adresse parisienne, rue du Faubourg-Montmartre, décède le 13 décembre 1854.
