Simon Joseph Alexandre Clément DENIS (1755-1813)

Cascatelle à Tivoli, vers 1789-1793
Huile sur papier
25 × 34 cm
Au verso, localisé, signé et numéroté a Tivoly S.Denis/6
Provenance : descendants de l’artiste, Bordeaux ; Christie’s France, 17 mars 2005, no 407 ; Sotheby’s New York, 25-26 janvier 2007, no 164 ; collection particulière, États-Unis
Publication : G. Lacambre, « Two Series of Studies in Oil on Paper Numbered by […] Simon Denis », dans Studying Nature: Oil Sketches from the Thaw Collection, New York, Morgan Library&Museum, 2011, p. 80, no 6
« On devient bien petit et modeste quand on comprens [sic] la Nature. » Lettre de Simon Denis, collection Fritz Lugt, Fondation Custodia, Paris
D’origine flamande, Simon Denis se forme à Anvers dans l’atelier du peintre Henri Joseph Antonissen avant de s’installer à Paris en 1775. Là, il entre au service de l’artiste et marchand d’art Jean-Baptiste Le Brun (1748-1813) et peut assister, en 1776, au mariage de celui-ci avec la jeune peintre Élisabeth Louise Vigée (1755-1842), future portraitiste de la reine Marie-Antoinette. Après plus de dix années passées auprès des Le Brun, Simon Denis, souhaitant visiter l’Italie, sollicite son ami et maître pour financer le voyage. En 1786, l’artiste quitte Paris pour se rendre à Rome où il se mêle aux communautés des peintres flamands et francophones. Il se marie l’année suivante avec une Romaine, décidé à s’installer durablement dans la péninsule. Deux ans plus tard, les événements révolutionnaires en France contraignent l’épouse de son ami et mécène à fuir vers l’Italie. Avec François Guillaume Ménageot, directeur de l’Académie de France, Simon Denis accueille Élisabeth Louise Vigée Le Brun à Rome en 1789. Ensemble, ils se rendent jusqu’à Tivoli, où le peintre a ses habitudes.
Ce site du Latium, prisé par les artistes depuis le xviie siècle, offre une confrontation entre architecture et nature qui a déjà séduit Poussin et Lorrain. Sur place, Simon Denis adopte une approche analytique en étudiant de manière directe la texture des roches et des plantes, les mouvements des nuages ou les reflets de la lumière sur l’eau vive des cascatelles. Pour cela, munis d’une feuille de papier et de ses couleurs préparées à l’avance il capte sur le motif, sans souci excessif de composition, des morceaux de nature. Les études de ce type, le plus souvent signées et localisées au revers, portent également un numéro ajouté a posteriori par l’artiste dans le but de les classer non par date, mais par sujet. L’une d’elles, portant le numéro 6, fait partie d’un premier ensemble de trente huiles sur papier consacré à l’étude de l’eau. On peut y voir, dans un cadrage serré, les eaux sombres retenues sur un palier, qui en s’immisçant entre les rochers ocre et brun se transforment en une multitude de cascades blanches et mousseuses. Le traitement en touches rapides, couvrant partiellement le support, participe à l’impression d’un mouvement ininterrompu de l’eau saisie tel un instantané.
Geneviève Lacambre, qui a étudié les œuvres de Simon Denis, estime à plus de cent soixante le nombre de ces études classées en six catégories, même si seulement cinquante-deux d’entre elles semblent avoir été identifiées à ce jour. Comme Pierre Henri de Valenciennes et Jean Joseph Xavier Bidauld, ses contemporains, Simon Denis est l’un des grands réformateurs de la peinture de paysage ayant ouvert la voie aux paysagistes du XIXe siècle. En Italie, il accumule les honneurs d’abord à Rome puis à Naples où il est nommé en 1806 « premier peintre de la chambre pour les vues et les paysages » à la cour de Joseph Bonaparte.
