Charles Auguste Émile DURANT, dit CAROLUS-DURAN (1837-1917)
Portrait d’un jeune Lisboète, 1880
Huile sur papier marouflé sur carton
26 × 21 cm
Signé, localisé et daté en haut Carolus-Duran, Lisbonne, 1880
Au verso, dédicacé en portugais à l’encre sur une étiquette Dado por mim ao meu fliho Manuel [Donné par moi à mon fils Manuel]
Provenance : collection particulière, Lisbonne jusqu’en 2013 ; collection particulière, Paris
Exposition : probablement Paris, musée du Luxembourg, « Exposition des œuvres de Carolus-Duran », 1919, no 118 : Étude de jeune Homme (1880). Appartient à M. E. G.
Vendu
Fils d’un aubergiste, Charles Auguste Émile Durant naît à Lille en 1837. Il se forme d’abord auprès du peintre François Souchon puis à seize ans s’installe à Paris et choisit le pseudonyme de Carolus-Duran. Ses premières œuvres exposées au Salon de 1859, influencées par le réalisme de Gustave Courbet, attirent l’attention d’Édouard Manet, Henri Fantin-Latour et Félix Bracquemond avec lesquels il se lie d’amitié. Avant de se rendre en Espagne où il découvre Vélasquez, Carolus-Duran voyage en Italie entre 1862 et 1865. C’est à Rome qu’il trouve le sujet de son tableau L’Assassiné, souvenir de la campagne de Rome exposé à son retour au Salon de 1866. La consécration vient deux ans plus tard lorsqu’il présente La Femme au gant, un grand portrait de son épouse Pauline Croizette. Le succès est tel que le peintre reçoit immédiatement de nombreuses commandes. Hormis de rares sculptures et quelques tableaux d’histoire ou d’inspiration religieuse, le peintre expose majoritairement des portraits.
Si ce genre est très rémunérateur, il éloigne cependant Carolus-Duran du chemin de la modernité emprunté par ses amis. Camille Pissaro lui reproche de gâcher son talent en mondanités, tandis qu’Émile Zola reconnaît que CarolusDuran « rend Manet compréhensible au bourgeois […] en l’assaisonnant au goût du public ».
En 1880, le sculpteur Célestin Anatole Calmels (1822-1906), installé au Portugal depuis 1860 et membre correspondant de l’Académie des arts de Lisbonne depuis 1874, invite Carolus-Duran à le rejoindre. Ce dernier, une fois sur place, se mêle à la bonne société lisboète et peint plusieurs portraits dont ceux de la reine Maria Pia et de la duchesse de Palmela. En plus de ces deux grandes toiles qui suscitent l’admiration des critiques et des jeunes artistes portugais, le peintre réalise les portraits d’Helena de Palmela, la fille de la duchesse âgée de seize ans, de mademoiselle Laboulaye, une fillette de douze ans, et celui de son ami Calmels.
Durant le séjour de l’artiste au Portugal, un jeune homme d’une quinzaine d’années vient également prendre la pause. Regardant vers la gauche et présentant un profil parfait, le modèle vêtu de noir se dégage sur un fond rouge lie-de-vin. De petit format, ce portrait qui évoque ceux de la Renaissance n’a laissé aucun indice sur l’identité du modèle si ce n’est à son revers une dédicace en portugais le destinant à un certain Manuel. De retour en France, à la fois proche des impressionnistes et des représentants de l’académisme, Carolus-Duran accumule les honneurs. Membre permanent du jury du Salon puis de l’Académie des beaux-arts, il est finalement nommé directeur de la Villa Médicis en 1905 alors qu’il n’a jamais remporté le grand prix.