Joseph TRÉVOUX (1831-1909)

Vue des calanques de l’île Saint-Honorat, 1868
Huile sur toile fine marouflée sur toile 
25 × 33,3 cm
Signé des initiales et daté en bas à gauche J.T./1868
Localisé au revers sur le châssis Saint Honorat
Œuvre en rapport : Joseph Trévoux, Paysage à Saint-Honorat, dans les îles de Lérins, salon de Lyon de 1870, no 757, localisation inconnue

Joseph Trévoux fait ses études au collège Saint-Thomas-d’Aquin à Oullins près de Lyon chez les dominicains. L’un de ses maîtres, l’abbé Lacuria, frère du peintre Jean-Louis Lacuria, lui insuffle le goût pour la musique et la peinture. Sur les bancs de l’école, il rencontre Paul Borel avec qui il entre plus tard dans l’atelier de Louis Janmot, un ancien élève d’Ingres. Trévoux, seul élève du maître à se spécialiser dans la peinture de paysage, se rapproche des peintres Auguste Ravier et Louis Carrand. À partir de 1855, il séjourne régulièrement à Paris et entreprend plusieurs voyages en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas puis en Italie où il se rend une première fois en mai 1858. Installé à Vignieu, le peintre fréquente la communauté des artistes de Morestel et se lie d’amitié avec Adolphe Appian. En 1865, il décide de partir vivre en Italie avec sa famille. Après deux années passées dans la Péninsule, sur le chemin du retour, Joseph Trévoux séjourne plusieurs mois de 1867 et 1868 en Provence, près de Saint-Raphaël et sur l’île Saint-Honorat. 

L’île Saint-Honorat est l’une des îles de Lérins situées dans la baie de Cannes. Plus petite et plus éloignée de la côte que l’île Sainte-Marguerite, le peintre ne peut s’y rendre qu’en bateau. Dominée par les tours d’un ancien monastère fortifié, l’île est couverte de pins maritimes et de magnifiques pins parasols. Joseph Trévoux, installé près de la mer, exprime le caractère aride du paysage en quelques coups de pinceau sur une toile fine. Le sol de pierre grise, ponctué de petites touches de vert et de brun juxtaposées, est dominé par un bosquet de pins tortueux qui protège de son ombre un léger voile de verdure. Le ciel chargé de nuages blancs suggère le caractère venteux de l’îlot tandis qu’un triangle bleu, dans l’angle inférieur droit, évoque la mer qui s’étend derrière le peintre. Cette œuvre, à la technique subtile, rappelle les toiles d’Adolphe Appian, son ami lyonnais, et se rapproche des paysages provençaux de Paul Guigou, un artiste marseillais que Trévoux peut fréquenter durant son séjour. Aussi virtuose que synthétique elle annonce les vues de Paul Cézanne un peu plus tard dans le siècle. 

De retour à Vignieu à la fin de l’année 1868, l’artiste fait évoluer son style en épaississant la matière de ses toiles, à la manière des paysages de Louis Carrand et d’Adolphe Monticelli. Après la guerre de 1870, durant laquelle il s’engage dans la garde nationale, Joseph Trévoux entreprend de nouveaux voyages en Corse et en Italie. Le peintre, mort en 1909 à l’âge de soixante-dix-sept ans, n’est que très peu représenté dans les collections publiques et mériterait une large rétrospective.