Marie Philippe COUPIN de LA COUPERIE (1773-1851)
La Continence du chevalier Bayard, vers 1820
Huile sur papier marouflé sur toile
41 × 48,2 cm
Vendu
Marie Philippe Coupin de La Couperie est l’un des principaux représentants de la peinture troubadour en France. Formé dans l’atelier de Girodet dont il devient l’un des élèves favoris, Coupin expose régulièrement au Salon et travaille pour la manufacture de Sèvres. Proche des Bonaparte, il côtoie l’impératrice Joséphine qui avait acquis sa première toile exposée au Salon de 1812 : Les Amours funestes de Francesca da Rimini. À la chute de l’Empire, Louis XVIII et la duchesse d’Angoulême qui apprécient ses œuvres ne lui tiennent pas rigueur de sa proximité avec l’ancienne impératrice. Puisant son inspiration dans les récits historiques et légendaires du Moyen Âge, ses sources qui vont de Dante à Walter Scott, en passant par les pièces à la mode jouées sur les scènes parisiennes, alternent entre épopées à l’esprit chevaleresque et tragédies romantiques.
La figure de Pierre Terrail, plus connu sous le nom du chevalier Bayard, célèbre soldat du règne de François Ier, reste très populaire à l’époque de Coupin de La Couperie. Célébré pour son courage, celui que l’on appelle également « le chevalier sans peur et sans reproche » est le personnage principal d’une pièce de théâtre créée par Jacques Marie Boutet de Monvel en 1786 pour le Français, reprise en 1808 au théâtre de l’Odéon, alors « Théâtre de S. M. l’Impératrice et Reine ». Les différents moments de la vie de Bayard, réels ou romancés, sont détaillés dans de nombreux ouvrages à travers les siècles. L’épisode dit de la « Continence de Bayard »est raconté par Claude Bernard Petitot dans le tome XVI de la Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France publié à Paris en 1820. Une mention au dos d’une version dessinée du même sujet, provenant de la collection d’Anne Marie Hortense de Marmont, duchesse de Raguse (1779-1855), semble attester que Coupin de La Couperie est venu chercher dans cet ouvrage le sujet de sa composition. Le texte évoque un soir où le chevalier, revenant de la guerre, demande à son page de lui trouver de la compagnie pour la nuit. La jeune femme qu’on lui présente s’effondre à ses pieds en le suppliant d’épargner sa vertu pour qu’elle puisse se marier. Ayant accepté sans condition de la laisser partir, Bayard fait porter le lendemain à l’infortunée une bourse d’écus en guise de dot pour son mariage.
Coupin de La Couperie, toujours soucieux d’authenticité, tente de restituer avec précision et exactitude les moindres détails des costumes et du décor. Comme souvent pour la figure de Bayard, il emprunte les codes habituellement réservés à la représentation de François Ier : grande taille, profil marqué et chapeau couvert de plume. L’artiste choisit de plonger la scène dans la pénombre et place les deux personnages principaux à contre-jour, masquant la source de lumière posée sur une table. Sur la droite, le page, qui tient la porte entrouverte, laisse entrevoir une loggia éclairée par la lune.