Jean-Augustin FRANQUELIN (1798-1839)

Vendu

Evirchoma, vers 1824
Huile sur toile
72 × 59 cm
Signé en bas à droite Franquelin
Annoté sur le châssis [chiffre illisible] Evirchoma Franquelin
Exposition : Paris, Salon de 1824, n°675 : Evirchoma
Provenance : Catalogue d’une belle et nombreuse collection […]
après cessation de commerce de M. Moyon, 16 au 20 janvier 1838, Paris, Maulde et Renou, 1837, p. 32, no 375

Vendu

Dès la fin du xviiie siècle, le mythe d’Ossian sert d’inspiration pour les peintres et connaît un succès grandissant avec l’émergence du romantisme. L’imposture littéraire de James Macpherson, un jeune auteur écossais qui prétendait en 1761 avoir traduit depuis le gaélique des textes anciens qu’il venait de découvrir, offre aux artistes de nombreux sujets inédits et une pléiade de personnages jusque-là inconnus. Malvina, fille de Toscar et belle-fille d’Ossian, est l’une des figures majeures de cette épopée. Jean-Augustin Franquelin, un jeune peintre de vingt ans, ancien élève de Jean-Baptiste Regnault, illustre la mort de l’héroïne pour sa première participation au Salon en 1819. L’œuvre est reproduite en gravure dans la recension des œuvres du Salon faite par Charles-Paul Landon, ce qui à l’époque est une consécration. Cinq ans plus tard, le peintre revient puiser dans le mythe d’Ossian pour les sujets de deux nouvelles toiles : Rosgala. Scène de naufrage et Evirchoma. Cette fois, les figures principales de ces tableaux sont des personnages plus secondaires du poème.

L’auteur souhaitant éclairer le spectateur au sujet d’Evirchoma fait ajouter au livret un passage du texte de Macpherson : « Le soir vient ; mais elle n’aperçoit point de barque fendre légèrement le sein de l’onde. » La toile au fond sombre représente une jeune femme assise sur un rocher au bord de l’eau tenant entre ses bras un enfant. Vêtue d’une fine robe bleue, la belle Evirchoma attend sans espoir le retour de Gaul, son bien-aimé, en serrant contre son sein leur fils Ogal et portant dans le dos une lyre. La blancheur de ses chairs est éclairée par la lune qui perce les nuages noirs. Ce sujet profondément romantique est peint dans une veine encore néo-classique qui doit beaucoup à Girodet, le plus fidèle interprète d’Ossian en peinture. Au même Salon de 1824, Franquelin autorise l’exposition d’une gravure de grand format d’après son œuvre. Lithographiée par Zéphirin Belliard en sens inverse, cette interprétation permet la diffusion de la composition partout en France et vraisemblablement jusqu’en Angleterre comme en témoigne peut-être la copie sur porcelaine exposée au Salon neuf ans plus tard par Mme Gardie, une miniaturiste anglaise. Acquis après le Salon par l’éditeur et marchand d’art Jean-Nicolas Moyon, l’œuvre réapparaît dans la vente de son fonds de commerce en 1838 (n375). La toile fait alors partie d’un ensemble de plus de sept cents peintures et dessins dont vingt-cinq tableaux de la main de Jean-Augustin Franquelin.

Après 1825, il semble que le peintre abandonne le grand genre historique pour se consacrer à des toiles de petits formats aux sujets moraux plus faciles à vendre. Il les produit en très grand nombre et connaît grâce à elles un certain succès commercial. Réputées d’une grande finesse d’exécution, ces œuvres qui lui demandent beaucoup de temps finissent par l’épuiser. L’artiste meurt à Paris en 1839, à l’âge de quarante ans.