Thomas COUTURE (1815-1879)

Vendu

Le Sacrifice de Noé, 1837
Esquisse pour le prix de Rome de 1837
Huile sur toile
20 × 24,7 cm
Sur le châssis, une étiquette manuscrite 8133
Provenance : collection particulière, Belgique
Œuvre en rapport : Thomas Couture, Le Sacrifice de Noé, 1837, huile sur toile, 113 × 146 cm, collection particulière
Publication : P. Grunchec, Les Concours des prix de Rome 1797-1863, Paris, ENSBA, 1986, t. II, p. 133, repr. pl. 4, p. 134

Vendu

Né à Senlis en 1815, d’un père cordonnier, Thomas Couture s’installe à Paris avec sa famille dans le quartier des Halles en 1826. Âgé de quinze ans, il entre dans l’atelier du baron Gros et se prépare aux différents concours de l’École des beaux-arts. Ambitieux, il se destine à devenir peintre d’histoire comme son maître et parvient en 1834 à passer toutes les épreuves pour accéder au prestigieux concours du prix de Rome et monter en loge. Le sujet, « Homère chantant ses poésies dans les villes de la Grèce »,ne lui porte pas chance cette année-là et c’est Paul Jourdy, un élève d’Ingres, qui est désigné vainqueur. L’année suivante, Gros se suicide et Couture endeuillé doit poursuivre sa formation dans l’atelier de Paul Delaroche. Sous sa direction il atteint une nouvelle fois les étapes finales du concours en 1837. 

Le jury choisit le sujet de « Noé offrant un sacrifice au Seigneur à sa sortie de l’arche » tiré de l’Ancien Testament. Chaque candidat doit dès lors réaliser un dessin de la composition avant de pouvoir exécuter l’esquisse puis le tableau définitif. L’un des critères du concours est de limiter au maximum les écarts entre le modello et le grand format. L’esquisse de Thomas Couture représente Noé et sa famille rassemblés autour d’un autel sacrificiel au pied duquel gît un agneau. Sortant d’un nuage, créé par la fumée, Dieu le Père apparaît le bras tendu pour les bénir. La composition inscrite sur un fond de paysage désertique comprend, en tout, neuf figures ébauchées plus un bœuf. Le dessin, terminé dans le temps imparti, est récupéré par un professeur qui conserve un calque témoin de la composition pour chaque candidat. S’ensuit ce que l’on appelle la montée en loge : Couture poursuit en réalisant son esquisse de petit format avant de peindre son tableau sur une toile de 113 × 146 cm et ce, dans un délai de deux mois et demi. L’œuvre achevée reprend fidèlement la composition, à l’exception notable de l’agneau remplacé par une colombe dans les bras d’un des fils de Noé. Lors des premières délibérations, le jury donne l’avantage à Couture avant de finalement lui octroyer la seconde place. Une nouvelle fois, il n’est pas vainqueur et le prix échoit à Jean Murat.

Déçu, mais résigné, Thomas Couture ne se présentera plus au concours les années suivantes. Trois ans plus tard, il participe pour la première fois au Salon avec une toile titrée Jeune Vénitien après une nuit d’orgie. En 1847, son tableau Les Romains de la décadence reçoit un triomphe critique et public qui lui apporte la renommée. L’année suivante, après la chute de la monarchie de Juillet, le gouvernement provisoire de la Deuxième République lui commande L’Enrôlement des volontaires de 1792, une œuvre monumentale. Durant le Second Empire, il devient l’un des artistes préférés du couple impérial et un professeur recherché ; Pierre Puvis de Chavannes, Henri Fantin-Latour et Édouard Manet furent de ses élèves.