Théodore GUDIN (1802-1880)

Vendu

Chantier sur les quais de Seine, 1837
Huile sur papier marouflé sur toile
22,4 × 34,5 cm
Signé et daté en bas à droite T. Gudin/4 octobre 37

Vendu

En 1837, Louis-Philippe est roi des Français depuis sept ans. Révolutions et changements de régime ont entravé la modernisation du pays, qui accuse un retard certain par rapport à l’Angleterre. La relative stabilité qu’offre la monarchie de Juillet permet aux entrepreneurs de lancer différents projets, dont celui des voies ferrées, qui doivent faciliter le transport des marchandises et des personnes. À Paris, les frères Pereire proposent la construction d’une voie de chemin de fer reliant la capitale à la ville de Saint-Germain-en-Laye. Le tracé nécessite la construction de deux ponts sur la Seine : l’un entre Asnières et Clichy, l’autre à Chatou. Le premier pont ferroviaire d’Asnières est inauguré le 24 août 1837. 

Théodore Gudin, comme de nombreux autres artistes, assiste aux transformations des paysages traversés par ces premiers chantiers dans Paris et ses alentours. Admirateur de William Turner dont il a découvert les œuvres en Angleterre, Gudin ne peut qu’être fasciné comme lui par la vitesse des trains et cette modernité naissante. Peintre officiel de la Marine depuis 1830, l’artiste s’est fait une spécialité des grandes toiles représentant des batailles navales. Une petite huile sur papier, signée et datée d’octobre 1837, contraste fortement avec sa production habituelle. Divisée en deux parties par une diagonale qui traverse la composition, cette étude rapide et spontanée représente un quai au bord de l’eau. Sur la grève, plusieurs petits baraquements et de larges poutres de bois suggèrent un chantier. La scène s’anime de plusieurs personnages qui ne semblent pas au travail : à gauche, une femme vêtue d’une robe et d’un tablier s’est assise sur un tronc ; légèrement sur la droite, trois hommes rassemblés près d’un cabanon semblent discuter ; plus loin, une silhouette esquissée d’un coup de pinceau regarde l’eau et un homme attend debout dans sa barque. L’endroit pourrait être le chantier terminé du pont d’Asnières avec son surplus de traverses non utilisées. L’œuvre, véritable morceau de peinture d’une déroutante modernité, annonce dans sa simplicité et son cadrage les recherches de Sisley ou Monet quarante ans plus tard. 

Fasciné par l’eau et la mer depuis l’enfance, Gudin entretient un rapport intime et dramatique avec la Seine. En 1823, son frère aîné Jean-Louis, peintre également, s’était noyé sous ses yeux dans le fleuve. À la fin de sa vie, en souvenir de la mort de ce frère, Gudin œuvrera à la création de la Société centrale de sauvetage des naufragés qui sera créée en 1864.