Louis Robert CARRIER-BELLEUSE (1848-1913)

Calfatage d’un voilier, vers 1890
Huile sur toile
35 × 36 cm
Signé en bas à gauche LOUIS CARRIER-BELLEUSE
Louis Carrier-Belleuse reçoit ses premières leçons de son père, le célèbre sculpteur Albert Ernest Carrier‑Belleuse, avant d’entrer à treize ans dans l’atelier du bronzier Barbedienne où il se forme à la ciselure et à la fonte. Inscrit à l’École des beaux-arts de Paris, il a pour professeurs les peintres Gustave Boulanger et Alexandre Cabanel qui le préparent à une carrière académique. Louis participe à son premier Salon en 1870 avec une toile intitulée La Lettre, mais doit interrompre sa carrière naissante pour participer comme soldat à la guerre franco-prussienne. Une fois l’armistice signé et les événements de la Commune terminés, l’artiste reprend peu à peu ses activités dans un Paris apaisé. Engagé depuis 1877 par la fabrique de céramique Deck, Louis se fait remarquer au Salon avec ses toiles illustrant des scènes de la vie parisienne dans un style réaliste et léché ; œuvres récompensées à plusieurs reprises par des mentions et des médailles. Comme céramiste, en 1882, il remporte un concours organisé par la manufacture de Sèvres, avant d’être nommé sept ans plus tard directeur artistique des manufactures de Choisy-le-Roi.
À partir de 1886, les sujets de ses œuvres peintes, jusque-là presque exclusivement parisiens, s’ouvrent sur d’autres horizons, plus maritimes. L’artiste qui se rend régulièrement à Boulogne-sur-Mer adapte son intérêt pour les petits métiers de rue de la capitale en dessinant les marins, les pêcheurs et tous les travailleurs qui s’affairent dans les ports et sur les plages. Les titres des toiles qu’il expose désormais, Le Vieux Quartier des pêcheurs ; Boulogne-sur-Mer, Le Port de Boulogne-sur-Mer en décembre ou Intérieur d’une salaison de harengs ; souvenir de Boulogne-sur-Mer, reflètent sa fascination particulière pour la commune de la Côte d’Opale. Au Salon de 1892, il présente Au Cabestan, souvenir d’Yport, un grand tableau (121 × 201 cm) montrant un groupe d’hommes et de femmes en train de haler un bateau sur la plage en manœuvrant un treuil.
Sur une toile de bien plus modestes dimensions, Carrier‑Belleuse représente une autre activité liée à la pêche et aux bateaux : le calfatage. Deux hommes s’y affairent sur la coque d’un voilier sorti de l’eau. Leur action consiste à remplir de force les espaces laissés entre les planches qui constituent le bordage extérieur. Pendant que l’un applique la filasse en frappant avec un maillet, l’autre prépare dans une cuve le goudron en train de chauffer. Inscrite dans un format presque carré, la composition, axée sur la diagonale, est d’une grande sobriété. De la quille à l’extrémité du mât, l’embarcation penchée traverse la toile et se détache sur les trois bandes composées par la plage, la mer et le ciel. Aux subtils jeux de gris et de bleu traduisant les tonalités du paysage, l’artiste oppose une gamme de bruns, d’ocres et de rouges pour les figures, les coques et les voiles.
