Léon COGNIET (1794-1880)

Vendu

Esquisse pour Portrait d’un jeune chef arabe, vers 1830
Huile sur papier marouflé sur panneau
32,5 × 25 cm
En bas à droite, cachet de la vente après décès du baron Gustave Wappers de 1875 (L.2547d)
Provenance : ancienne collection du peintre Gustave Wappers (1803-1874)

Fils d’un dessinateur de papiers peints, Léon Cogniet a seize ans lorsqu’il entre à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Pierre Guérin. Durant sa scolarité, il se lie d’amitié avec Ary Scheffer, Eugène Delacroix et Théodore Géricault. Après plusieurs tentatives aux concours de l’École, il remporte le prix de Rome en 1817. Lauréat, Cogniet part pour l’Italie où il est attendu comme pensionnaire à la Villa Médicis. À Rome, l’artiste pratique le paysage de plein air tout en travaillant à ses envois officiels. Obligé de quitter Rome pour des raisons de santé, il rentre à Paris, expose bientôt au Salon et rencontre un succès grandissant à chacune de ses participations. Parallèlement, il termine la composition de son Numa Pompilius donnant les lois à Rome pour le décor de la troisième salle du Conseil d’État au Louvre. 

En 1828, la direction des Musées royaux commande à Léon Cogniet une nouvelle œuvre pour orner le plafond de la salle des papyrus et des manuscrits grecs du Louvre. Le sujet choisi est l’expédition d’Égypte sous les ordres de Bonaparte. La toile de plus de six mètres sur dix mètres nécessite de nombreuses recherches et donne lieu à de multiples études et esquisses dont certaines ne seront pas utilisées. C’est vraisemblablement le cas d’une série d’études pour un portrait de jeune Arabe qui connut une destinée déliée du projet initial. Au début des années 1850, le roi Léopold Ier de Belgique qui souhaite faire un cadeau à sa nièce, la jeune reine Victoria, fait appel à son peintre officiel, Gustave Wappers, pour une œuvre digne de cette intention. Ne pouvant lui soumettre une de ses propres toiles, l’artiste sollicite son ami Léon Cogniet à Paris qui propose son portrait d’un jeune chef arabe conservé depuis les années 1830 dans son atelier. Le tableau en question dut séduire le roi qui en fit cadeau à sa nièce britannique en 1852. L’œuvre très aboutie, aujourd’hui conservée dans les collections royales d’Angleterre, avait été précédée de plusieurs esquisses. Une seconde version avec des variantes se trouve au musée d’Orléans. Une étude inédite récemment identifiée porte le cachet de la vente après décès du baron Wappers. Cette dernière esquissée à l’huile sur papier concentre l’attention sur le visage du sujet. Les lèvres serrées, le modèle semble se tourner vers nous, surpris. Le costume absent et la coiffe tout juste suggérée par quelques traits de peinture blanche recentrent l’attention sur le regard noir et intense du jeune chef. Cette étude probablement offerte par l’auteur à son ami en remerciement de son rôle d’intermédiaire est restée dans l’atelier de ce dernier jusqu’à sa mort. 

La grande composition pour Expédition d’Égypte sous les ordres de Bonaparte restée inachevée au moment des journées de juillet 1830, durant lesquelles Léon Cogniet prend le parti de Louis-Philippe, fut exposée une première fois en 1833 avant d’être livrée terminée en 1835. Lorsque le Portrait d’un jeune chef arabe est acquis par Léopold Ier, Léon Cogniet est un peintre renommé. Élu membre de l’Institut en 1849, il est nommé professeur de peinture à l’École des beaux-arts de Paris en 1851 et décide de se consacrer essentiellement à l’enseignement.