Jules Élie DELAUNAY (1828-1891)

Jeune Italienne de Capri, 1866
Huile sur toile
41,5 × 27,5 cm
Signé et daté en bas à droite e delaunay 1866
Provenance : collection particulière, Belgique
Originaire de Nantes, Jules Élie Delaunay montre des talents pour le dessin dès ses premières années de scolarité. À seize ans, il entre dans l’atelier du peintre nantais Joachim Sotta et fait la connaissance d’Hippolyte Flandrin. À Paris en 1848, il s’inscrit à l’École des beaux-arts et devient l’élève de Louis Lamothe tout en recevant les conseils bienveillants de Flandrin. Durant les huit années suivantes, le jeune artiste tente de remporter le concours du grand prix de peinture en essuyant échecs et demi-victoires jusqu’en 1856, date à laquelle le jury lui décerne un second grand prix qui lui ouvre les portes de la Villa Médicis. Ce prix partagé avec le peintre Félix Clément ne lui donne droit qu’à quatre années de pensionnat au lieu des cinq traditionnellement attribuées aux vainqueurs. Arrivé à Rome le 31 janvier 1857, Delaunay rejoint sur place d’autres lauréats parmi lesquels le peintre Émile Levy et le sculpteur Henri Chapu. Il fréquente également, au fil du séjour, certains artistes français venus en Italie par leurs propres moyens, à l’image de Léon Bonnat, Edgar Degas et Gustave Moreau. Le jeune artiste profite du temps qui lui est offert entre deux envois obligatoires pour visiter la péninsule en leur compagnie.
Au cours de l’été 1857, Delaunay voyage avec Degas jusqu’à Naples. En Campanie, séduit par les paysages et la population, il dessine et peint de nombreuses études. Ses carnets de croquis, souvent annotés, nous précisent son passage à Capri. Sur l’île, il trace à la pointe du crayon les silhouettes de deux jeunes Italiennes, l’une debout portant un panier sur la tête, la seconde penchée de profil vers la droite. Durant ce séjour, assis sur un rocher face à la mer, il esquisse les reliefs de la Punta Campanella à l’extrémité de Sorrente. Ces études, rapportées parmi beaucoup d’autres en France, lui serviront plus tard pour réaliser une délicate toile de chevalet. Sur cette œuvre peinte en 1866, Delaunay reprend précisément la silhouette de la jeune Capriote au panier en la plaçant au centre de la composition. L’adolescente, au profil de divinité antique, descend des marches de pierre en tendant la pointe des pieds avec grâce. À l’arrière-plan, l’artiste a intégré en guise de décor sa vue de la Punta Campanella étudiée sur le motif neuf ans plus tôt.
De retour à Paris, Delaunay prépare ses participations au Salon et obtient ses premières commandes officielles pour des édifices publics. En 1863, il réalise un cycle de peintures pour le couvent de la Visitation à Nantes puis participe à la décoration de l’église de la Trinité. Charles Garnier le sollicite en 1866, année où il peint sa Jeune Italienne de Capri, pour exécuter l’un des décors du foyer du nouvel Opéra de Paris. Sur le chantier, il travaille aux côtés de Paul Baudry et de Félix Barrias, deux anciens pensionnaires de la Villa Médicis comme lui.
