Jules COIGNET (1798-1860)

Vendu

Maisons près de la passerelle Saint-Germain à Rennes, 1836
Huile sur papier marouflé sur toile
30 × 39,5 cm
Localisé et daté en bas à gauche Rennes/1836 
Signé en bas à droite J. Coignet

Vendu

Élève de Jean Victor Bertin, célèbre paysagiste du début du xixe siècle, Jules Coignet rejette rapidement la leçon néoclassique héritée de Valenciennes pour ne retenir de son maître qu’une approche directe de la nature. Dès 1819, le jeune artiste se rend en forêt de Fontainebleau pour travailler sur le motif et part l’année suivante pour l’Italie d’où il revient avec une multitude d’esquisses de paysage. Il fait ses débuts au Salon de 1824 et reçoit à cette occasion une première médaille. Infatigable voyageur, Coignet retourne régulièrement en Italie, mais se rend également en Suisse, en Égypte, en Grèce et en Asie Mineure tout en parcourant la France. 

En 1836, il prend la route de la Bretagne à la recherche de nouvelles images. Ses œuvres témoignent de son passage près de Landerneau, à Saint-Pol-de-Léon, à Locmariaquer et à Paimpont dans la forêt de Brocéliande. Là, il peint les arbres et les dolmens ainsi que des vues ouvertes sur la campagne bretonne ponctuées de paysans et de bêtes. Plusieurs toiles et études attestent également de son séjour prolongé à Rennes. La ville est alors souvent décrite dans les guides comme en déclin, devenue monotone ou sale, et ne méritant pas le voyage. Coignet va pourtant consacrer à l’ancienne capitale un certain nombre d’études en se concentrant sur les quartiers populaires de la cité, là où lavandières, teinturiers et tanneurs travaillent dans des conditions souvent difficiles. Une de ces œuvres, peinte à l’huile sur papier, montre un ensemble de maisons, au bord de la Vilaine, attenantes à la passerelle Saint-Germain. La bâtisse principale domine le fleuve et présente une façade bigarrée, faite de chaux et de planches. En contrebas, au plus près de l’eau, des lavandières accrochent, sur des fils tendus, le linge qu’elles viennent de laver. Le ciel, clément et sans nuage, ne parvient pas à libérer l’œuvre d’une subtile sensation d’instabilité ; ici, tout semble penché et s’incliner, menaçant inexorablement de s’effondrer. À partir des années 1840, la plupart de ces maisons, à l’image des moulins de la Poissonnerie, furent détruites pour laisser place aux différents quais de la ville. 

Le jour où Jules Coignet s’est installé sur la rive opposée pour peindre, il était vraisemblablement en compagnie de l’un de ses élèves, Joseph Édouard de Gernon, alors âgé de vingt-cinq ans. Il existe en effet une vue identique, semblablement cadrée, datée elle aussi de 1836 et conservée aujourd’hui au musée de Rennes, portant la signature de Gernon. La séance de travail fut donc aussi l’occasion d’une leçon en plein air.