Joseph PAELINCK (1781-1839)

Timoléon fait assassiner son frère Timophane, vers 1804-1808
Huile sur toile
27,5 × 33 cm
Signé en bas à droite J. Paelinck
Provenance : collection particulière, Belgique
Vendu
Joseph Paelinck naît le 20 mars 1781 à Oostakker, alors sous domination autrichienne, dans une famille de modestes ouvriers. Il entre à l’académie de dessin de Gand où il apprend le métier de peintre, avant de partir pour Paris, en août 1802, grâce à une bourse d’études, et d’intégrer l’atelier de Jacques Louis David. Considéré comme le chef de file du néoclassicisme en France, celui-ci forme ses élèves au genre historique selon des règles qu’il a lui-même contribué à forger. Après moins de deux années passées à ses côtés, Paelinck travaille à une grande toile illustrant le thème du Jugement de Pâris. Au sujet de cette peinture en cours de réalisation, David écrit : « Je pense qu’on ne peut avoir de plus heureuses dispositions, il sera peintre, j’en réponds, que dis-je il l’est déjà ». L’œuvre, exposée au salon de Gand en 1804, vaut à Paelinck de remporter le premier prix du concours de peinture de l’Académie des beaux-arts cette année-là. De retour dans sa région natale, nommé professeur à l’académie de Gand, l’artiste reçoit la commande prestigieuse d’un portrait de l’impératrice Joséphine en 1808. Peu de temps après, l’octroi d’une allocation municipale lui permet de financer un séjour d’étude à Rome.
La toile de petit format représentant Timoléon faisant assassiner son frère Timophane semble avoir été réalisée avant le départ du peintre pour l’Italie. Sa technique d’une grande précision et son sujet dramatique puisé dans l’histoire antique sont encore marqués par la forte influence de David. L’épisode tragique, raconté par Plutarque dans ses Vies parallèles, relate l’assassinat de Timophane qui cherche à usurper le pouvoir à Corinthe. Timoléon, son jeune frère, s’opposant aux aspirations tyranniques de son aîné, envoie deux de ses amis, Eschyle et Satyros, pour le tuer. Les quatre protagonistes sont placés par le peintre devant une cloison, tels des acteurs sur une scène. Le moment saisi précède de quelques secondes le premier coup porté à Timophane ; il montre Timoléon sur la droite se cachant le visage pour ne rien voir. Au second plan, un portique à colonnes s’ouvre sur un paysage et un temple antique. L’œuvre emprunte plusieurs éléments de sa composition aux toiles les plus célèbres de David, du Serment des Horaces aux Amours de Pâris et Hélène. La redécouverte, il y a quelques années, d’une toile plus grande, mais inachevée (collection particulière, Paris), atteste des intentions ambitieuses du peintre pour sa composition.
En Italie, où il passe quatre années, le style de Paelinck évolue sans trahir la leçon davidienne. À Rome, les autorités françaises le sollicitent pour décorer le palais du Quirinal aux côtés d’Ingres. À son retour, le peintre s’installe à Bruxelles où il est rejoint en 1816 par son maître, contraint à l’exil au retour des Bourbons sur le trône de France. Il sera l’un des amis les plus fidèles de David jusqu’à sa mort en 1825. Paelinck forme à son tour un grand nombre d’élèves parmi lesquels Henri de Coene et Alfred Stevens.
