Jean Charles GESLIN (1814-1887)

Vendu

Vue du forum de Pompéi près du temple de Jupiter, vers 1844
Huile sur toile
38 × 48 cm
Provenance : possiblement vente Œuvres et collections de J.-Ch. Geslin, Paris, hôtel Drouot, Me B. Lasquin, 7-9 février 1888, no 37 : « Pompéi » ou no 38 : « autre vue de Pompéi » ; Galerie Heim, Paris ; Robert Lauwers, Belgique

Vendu

Jean Charles Geslin n’a pas encore seize ans lorsqu’il est admis à l’École des beaux-arts le 9 février 1831. Ses premiers professeurs parviennent à convaincre ses parents de l’inscrire en architecture alors que lui-même est plus attiré par la peinture. Après avoir fait preuve d’assiduité durant les deux années passées dans l’atelier de l’architecte Félix Callet, il intègre selon ses désirs celui du peintre François Édouard Picot. Tout en poursuivant sa formation, il développe une véritable passion pour l’archéologie et expose pour la première fois au Salon de 1841 une Vue intérieure de la basilique de Saint-Denis, avant d’abandonner ses études l’année suivante pour se rendre en Italie.

Durant son voyage, Geslin passe par Gênes et traverse la Toscane avant de séjourner durablement à Rome où son goût pour l’archéologie le pousse en priorité à saisir sur le papier, au crayon, à l’aquarelle et à l’huile, les sites antiques de la ville et de sa région. Après plus d’une année romaine, l’artiste reprend sa route vers le sud en direction de Naples où il va rester neuf mois. La découverte des ruines de Pompéi marque profondément Geslin ; il parcourt les rues de la cité détruite en 79 par le Vésuve et qui lentement réapparaît sous les coups de pioches depuis le xviiie siècle. Arrivant sur l’ancien forum, le peintre s’installe près du temple de Jupiter et sort son carnet à dessin. Il saisit les contours des murs de brique et de marbre ainsi que les colonnes redressées sur leurs bases. Au loin, les montagnes se teinteront plus tard, dans l’atelier, de vert et de bleu une fois l’image transposée sur la toile. Sur l’œuvre achevée, le ciel laiteux répond au dallage gris-ocre qui s’éclaire par endroits, au hasard d’un portique ou d’une fenêtre. Geslin mène parallèlement une carrière de peintre et de dessinateur-archéologue, documentant les sites antiques qu’il visite. À Paestum, où il travaille dix-sept jours durant en plein soleil, il est pris de fièvre et contracte le paludisme. Convalescent, il doit écourter son voyage après trois ans d’un travail acharné et rentre en France. 

Il rapporte de son périple un grand nombre d’aquarelles et plusieurs peintures, qu’il expose au Salon les années suivantes. Geslin reçut plusieurs commandes officielles, tant pour des peintures que pour des décors du fait de sa double formation. Certaines furent annulées à la suite des événements de 1848, et d’autres, détruites pendant les incendies des Tuileries et de l’Hôtel de Ville en 1871. Sous le Second Empire, reconnu davantage comme savant que comme artiste, il emploie son temps à l’étude de l’archéologie et participe à la mise en place de la collection Campana au Louvre.