Jean BENNER (1836-1906)

Portrait présumé du fils de l’artiste à Capri, vers 1885
Huile sur panneau
35,4 × 26,4 cm
Signé et localisé en bas à gauche jean benner/capri
Jean et Emmanuel Benner naissent le 28 mars 1836 à Mulhouse, en Alsace. Les frères jumeaux grandissent dans le contexte artistique des ateliers de leur père Jean Benner l’aîné et de leur grand-père maternel Emmanuel Fries, tous deux peintres reconnus. En 1844, les garçons suivent leurs parents pour vivre à Paris. Dans la capitale leurs vocations respectives se forgent peu à peu au contact des musées et des expositions : Jean veut devenir peintre, Emmanuel sculpteur. Alors qu’ils n’ont que treize ans, les deux frères perdent, en l’espace de six mois, leur père, leur mère puis leur grand-père. Placés en apprentissage en Alsace dans un atelier de dessin industriel, les jeunes Benner s’éloignent momentanément de leurs ambitions. Âgé de vingt et un ans, Jean revient à Paris et envoie son premier tableau au Salon. À sa grande surprise, l’œuvre est acceptée et se vend ! Élève de Léon Bonnat et Ernest Hébert, il participe régulièrement aux expositions officielles et se rapproche du peintre Jean-Jacques Henner, alsacien comme lui. En 1866, grâce au soutien financier de son ami d’enfance Jules Siegfried, devenu député, Jean Benner peut visiter l’Italie. À Rome, il fréquente les pensionnaires de la Villa Médicis avant de faire route vers le sud. Au large de Naples, il découvre l’île de Capri, et décide de s’y installer en 1867.
L’année suivante, Jean Benner épouse Marguerite Pagano, une jeune Capriote de vingt ans avec qui il aura quatre enfants, trois filles et un garçon, Emmanuel Michel né en 1873. Surnommé Many, l’enfant grandit entre Paris et son île de naissance où sa famille vit par alternance. Jean, devenu un artiste reconnu à Paris pour ses sujets inspirés par l’Italie, transmet à son fils le goût pour les arts. À Capri, c’est probablement Many, âgé d’une douzaine d’années, qui pose devant son père. Représenté de profil sur un fond rouge-brun qui évoque celui des vases antiques, l’adolescent vêtu d’un chemisier bleu porte autour du cou un collier de corail. Ses cheveux et ses yeux d’un noir profond, possible héritage maternel, contrastent avec sa peau claire. Le même garçon apparaît dans une attitude similaire, mais de face, sur un autre portrait, un peu plus grand, peint par Jean Benner et passé en vente à Saint-Dié en 1992.
Quelques années plus tard, Many Benner, âgé de seize ans, entre à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Jean-Jacques Henner pour se préparer aux différents concours. Il débute au Salon en 1891, mais ne parvient jamais à remporter le prix de Rome, n’obtenant qu’un second prix par deux fois en 1894 et 1898. Une bourse d’État lui permet cependant de voyager en Italie, en Grèce et en Espagne. Après la mort de son père en 1906, l’artiste retourne souvent à Capri, où il peindra en 1928 le portrait de son propre fils Jean-Charles. Fidèle au souvenir de son maître, Many Benner prend la direction du musée national Jean-Jacques Henner à sa création en 1926, avenue de Villiers à Paris. Ce musée conserve, outre des œuvres de Henner, un bel ensemble de peintures et de dessins des différents membres de la famille Benner, légué par Many à son décès en 1965.
