Jacques Augustin REGNIER, dit Auguste REGNIER (1787-1860)

Vendu

De profundis. Vue du cimetière du Calvaire à Montmartre, 1816
Huile sur toile
30 × 52,5 cm
Titré, signé et daté dans le motif à droite De profundis/Regnier./1816.
Exposition : Paris, Salon de 1817, no 638 : « Une Étude d’après nature » [mesures portées au registre : 48 × 70 cm encadré]

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 Sous un ciel noirci par l’orage qui se prépare, un ensemble de pierres tombales et de croix éparses marque l’emplacement d’un cimetière. Sur la gauche, un chien domine un rectangle de terre fraîchement retournée, près d’une pelle abandonnée à même le sol. Au premier plan, plongée dans l’ombre, la végétation envahissante montre le peu d’entretien des lieux. Émergeant des bouquets de feuilles d’acanthe, à droite, une plaque dressée contre un mur porte le nom de Regnier et la date de 1816. Précédé de la mention De profundis, c’est là que le peintre Auguste Regnier a choisi de signer son œuvre. 

Cet ancien élève de Jean Victor Bertin a fait ses débuts quatre ans plus tôt au Salon en présentant plusieurs paysages. Tout au long de sa carrière, le peintre semble fasciner par la mort et plus précisément par les cimetières, sujet récurrent dans son œuvre. Dès 1812, l’un de ses tableaux représentait déjà un paysage orageux avec une jeune femme près d’une pierre tumulaire. En 1817, il expose cette fois cinq peintures : deux Vues prises dans l’intérieur de Paris, Un moulin à eau, Une vue du cimetière de l’abbaye de Glaston et une dernière toile au titre peu révélateur, Une étude d’après nature, sous le numéro 638 du livret. Dans sa critique du Salon publiée le 6 juin 1817, Le Moniteur universel consacre un paragraphe aux œuvres de Regnier dans lequel le sujet de cette étude se trouve : il s’agit d’une vue du cimetière de Montmartre, et plus précisément du cimetière du Calvaire qui jouxte au nord la vieille église Saint-Pierre. Officiellement créé en 1688 sur un terrain cédé par l’abbesse, il aurait été aménagé par-dessus une nécropole mérovingienne. Toujours existant, bien que fermé depuis 1831, il se compose aujourd’hui de quatre-vingt-cinq tombes. Le célèbre sculpteur Jean-Baptiste Pigalle y fut enterré en 1785. Les registres du Salon de 1817 nous confirment grâce aux dimensions reportées (cadre inclus) que le tableau peint en 1816 est bien celui qui fut exposé. L’intérêt de l’artiste pour ce lieu l’incite l’année suivante à le prendre de nouveau pour sujet dans une composition différente. 

En 1822, Regnier participe de nouveau au Salon avec une vue de cimetière, celui de Royat dans le Puy-de-Dôme. Son acquisition par la duchesse de Berry assure au peintre une certaine renommée. Proche de la génération romantique, fréquentant Delacroix et Bonington, l’artiste est parmi les premiers à s’intéresser aux paysagistes anglais. Il possède dans son atelier une esquisse de John Constable qui fait l’admiration de ses amis. Avec son élève Jean-Jacques Champin, il réalise deux recueils illustrés qui connaissent le succès. En 1841, le roi Louis-Philippe lui commande deux vues du château de Bizy, aujourd’hui conservées au château de Versailles. Malgré une petite notoriété sous la monarchie de Juillet, le peintre n’atteint jamais la célébrité et termine ses jours dans l’oubli et la misère. Il met fin à ses jours en 1860 en se jetant dans le canal Saint-Martin.