Jacques Alphonse TESTARD (1810-1875)

Vendu

Un verre trompeur, vers 1849
Huile sur papier 
22,5 × 11,5 cm
À vue : 20 × 10 cm
Signé et dédicacé en bas à droite J Alp Testard/à mon ami/pj mene
Au dos, titré à l’encre un verre trompeur et annoté au crayon du numéro du registre du Salon 949 
Provenance : Pierre Jules Mêne (1810-1879) ; Julie Cain, née Mêne (1835-1898) ; Henri Cain (1857-1937) ; par descendance
Exposition : Paris, Salon de 1849, no 1885 : « Un verre trompeur »

Vendu

Jacques Alphonse Testard, né à Montargis le 7 juillet 1810, se forme à Paris auprès du peintre Hippolyte Vanderburch, lui-même ancien élève de Jacques Louis David et Jean Victor Bertin. Au déclenchement des événements de juillet 1830, le jeune artiste vit dans la capitale au numéro 10 de la rue d’Hauteville, près du boulevard Bonne-Nouvelle. Malgré son jeune âge, il contribue à l’exposition organisée quelques mois plus tard au profit des blessés de la révolution de Juillet, au palais du Luxembourg, en exposant Un épisode des mémorables journées de 1830. Durant les années suivantes, Testard voyage jusque dans les Flandres et se forme à l’art de la gravure. De cette période doit dater sa rencontre avec le sculpteur Pierre Jules Mêne dont il va interpréter les œuvres en gravure à partir de 1840. Pour sa première participation au Salon en 1842, l’artiste envoie deux œuvres représentant des paysages de neige et fournit au journal L’Artiste une gravure d’après le bas-relief en terre cuite d’une panthère se jetant sur un chevreuil exposé par Mêne. Au milieu de la décennie, Testard voyage jusqu’en Corse d’où il rapporte des vues d’Ajaccio exposées au Salon en 1846 et 1847. 

Alors que la Deuxième République vient d’élire son président en la personne de Louis-Napoléon Bonaparte au mois de mai, le Salon ouvre ses portes le 15 juin 1849 au palais des Tuileries. Testard y présente une petite nature morte au curieux titre d’Un verre trompeur. Cette œuvre représente, disposée sur le coin d’une cheminée, une bouteille de vin de gros volume, probablement un Jéroboam enroulé dans un torchon blanc. Près d’elle, le verre à pied évoqué par le titre semble rempli d’un liquide couleur rubis. Plus haut, accrochée sur le mur, une petite médaille dorée complète la composition. Cette nature morte, inscrite dans un ovale, est peinte avec la finesse des maîtres hollandais. Le principe du verre trompeur consiste en un trucage, véritable prouesse de verrier : constitué d’une double paroi qui ménage un espace vide, le liquide y est versé par une ouverture dans le pied puis bouché, de sorte que le verre semble plein alors qu’il ne l’est pas. Réservé le plus souvent à l’usage des bistrotiers, il leur permettait de trinquer avec les clients en feignant de boire sans se griser. 

L’œuvre signée en rouge en bas à droite porte une dédicace en incise à Pierre Jules Mêne. Preuve d’amitié en souvenir de moments partagés, l’œuvre au sujet plus complexe qu’il n’y paraît doit renvoyer à une anecdote que seuls les deux hommes pourraient nous raconter. La petite peinture sera transmise à la fille du dédicataire, Julie, qui avait épousé en 1852 le sculpteur et ami de son père, Auguste Cain, avant de passer à leur fils Henri Cain, véritable touche-à-tout qui fut dramaturge, librettiste, romancier, peintre et graveur.