Gustave Claude Étienne COURTOIS (1853-1923)

Vendu

L’Homme au kimono rose, vers 1885-1890
Huile sur toile fixée sur carton
45 × 31,8 cm 
En haut à droite, une date et une annotation non déchiffrées
Provenance : partie du fonds d’atelier de l’artiste, Paris, hôtel Drouot, Me Thierry de Maigret, 18 juin 2009, hors catalogue

Vendu

Fils d’un garçon charcutier et d’une blanchisseuse, Gustave Courtois grandit à Pusey, petite ville de Haute-Saône. Scolarisé à Vesoul, son talent précoce est remarqué par l’un de ses professeurs qui le fait entrer à l’école municipale de dessin. À dix-sept ans, il rencontre le célèbre peintre Jean Léon Gérôme, natif de Vesoul, qui, voyant ses dessins, l’invite à s’inscrire dans son atelier de l’École des beaux-arts. À Paris, le jeune homme retrouve Pascal Dagnan-Bouveret, du même âge et originaire comme lui de Haute-Saône. Les deux amis, qui ne se quitteront plus, partagent un appartement au 53 de la rue Notre-Dame-des-Champs. Ensemble, ils exposent pour la première fois au Salon en 1875. Courtois présente alors un portrait de sa mère et Dagnan-Bouveret une Atalante. Ils déménagent ensemble plusieurs fois dans Paris avant de s’installer en 1887 au 73 boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine. 

Gustave Courtois alterne sujets historiques et portraits mondains, dans le respect des règles académiques enseignées par Gérôme, ce qui ne l’empêche pas de s’ouvrir à certaines tendances nouvelles, le japonisme en particulier. Le terme désigne l’influence exercée sur les artistes occidentaux par la culture et l’art japonais depuis la réouverture du commerce entre la France et le Japon en 1858. Si les « modernes » y puisent des composantes techniques et des principes de composition, en s’inspirant principalement des estampes, d’autres, à l’image de Courtois, collectionnent tissus et objets qu’ils intègrent à leur peinture comme éléments de décor ou de costume. Dès 1883, sa Femme en kimono rose illustre cette tendance. L’œuvre, un portrait de jeune Parisienne prenant la pose dans l’atelier, associe éventail et costume de soie fleurie pour la « couleur » exotique. Une petite toile d’étude, longtemps restée dans l’atelier du peintre, fait porter, de manière moins attendue, le kimono rose, mais dénué de motif, à un modèle masculin. Le jeune homme qui se tient debout devant un drap blanc fixé au mur baisse la tête. Son ample chevelure bouclée et son collier de barbe brune rappellent la physionomie des modèles professionnels italiens présents à Paris et souvent portraiturés par Gérôme. Dans cette œuvre au traitement synthétique, Courtois centre la composition sur la masse rose du kimono tout en mettant l’accent sur la posture du sujet qui tend le bras en pinçant le tissu, une petite fleur rouge entre les doigts. 

Gustave Courtois, ouvertement homosexuel, vit une relation avec un jeune peintre d’origine allemande, Carl von Stetten, rencontré dans l’atelier de Gérôme. Sa carrière avançant, l’intérêt du peintre pour la beauté masculine transparaît de plus en plus. Ses œuvres tardives exposent, au travers de sujets à la mythologie prétexte, la musculature sculpturale de Maurice Deriaz, un lutteur d’origine suisse qui devient au début du xxe siècle sa principale source d’inspiration.