Guillaume BODINIER (1795-1872)

Vendu

Esquisse préparatoire pour Contrat de mariage en Italie, vers 1830
Huile et crayon noir sur toile
27 × 38 cm 
Œuvre en rapport : Guillaume Bodinier, Contrat de mariage en Italie [Paris, Salon de 1831], huile sur toile, Paris, musée du Louvre

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Originaire d’Angers, Guillaume Bodinier entre dans l’atelier de Pierre Narcisse Guérin à l’École des beaux-arts de Paris en 1815. Il y côtoie la nouvelle génération des peintres romantiques tels que Géricault, Delacroix et Léon Cogniet. Après deux échecs au concours du prix de Rome, en 1821 et 1822, Bodinier décide de partir en Italie par ses propres moyens pour suivre son maître qui vient d’être nommé directeur de la Villa Médicis. Durant son séjour de cinq années, l’artiste va à la rencontre des peintres français installés à Rome et fait la connaissance de Camille Corot avec lequel il se lie d’amitié. Il s’intéresse tant aux paysages qu’aux habitants qu’il peint dans leurs activités et costumes traditionnels avec une précision dans le détail presque ethnographique. Peinte à Rome en 1825, La Demande en mariage est exposée au Salon à Paris en 1827 après le retour de Bodinier en France. Au décès de son père l’année suivante, l’artiste reçoit un héritage substantiel qui lui permet de se consacrer pleinement à sa peinture. Libéré de toutes contraintes matérielles, le peintre reprend le chemin de l’Italie pour un séjour qui cette fois durera plus de dix ans. 

À Rome, Horace Vernet a succédé à Guérin comme directeur de la Villa. Dès son arrivée, Bodinier travaille à un nouveau projet de peinture sur le thème du mariage pensé comme une suite à son tableau du Salon de 1827. Durant l’année 1830, il multiplie les études et les dessins, faisant évoluer la composition de six à neuf personnages. Une esquisse inédite montre que la première intention de Bodinier excluait la signature du contrat qui donnera son titre au tableau. Dans cette étude, la longue table au fond de la scène n’est pas encore présente et le groupe réduit à six figures : manquent deux des hommes d’âge mûr ainsi qu’une femme, en train de dresser la table ajoutée sur la gauche. L’œuvre, de petit format, s’ouvre au centre sur un paysage inachevé proche des esquisses peintes par l’artiste en plein air. Le traitement assez schématique des figures contraste avec le raffinement d’exécution de certains détails des costumes ou de la bouteille de vin posée sur le sol. Alors que le prochain Salon approche, l’artiste, qui continue de travailler à sa toile, confie aux frères Flandrin, dans une lettre du 10 mars 1831 : « Mon petit tableau va lentement ; il y a à travailler encore pourtant c’est que neuf figures donnent, quoiqu’on en dise, plus d’embarras et de combinaisons que 2 ou 3. »

L’œuvre définitive, bien qu’envoyée hors délais, est exposée au Salon de 1831. Elle représente une famille de paysans aisés de la région d’Albano en train de sceller l’union de leur fille. Saluée par la critique et le public, la toile est acquise par l’État. Les dix années suivantes, l’artiste peint sans relâche en parcourant inlassablement les routes italiennes. En 1841, il rentre à Angers pour se marier. Après un dernier voyage en Italie en 1847, il s’installe durablement dans sa ville natale où il devient directeur du musée puis conseiller municipal.