François Marius GRANET (1775-1849)

Vue de l’église de la Trinité-des-Monts depuis la Villa Médicis, vers 1815-1820
Huile sur papier marouflé sur toile
22,2 × 29,5 cm
Vendu
En arrivant à Rome à l’âge de vingt-sept ans, François Marius Granet ignore qu’il y passera deux décennies. Formé à Aix-en-Provence auprès de Jean Antoine Constantin, il intègre à Paris le prestigieux atelier de David. Durant cette période, il se lie durablement à Ingres et Girodet avec lesquels il partage un atelier. En 1802, le jeune peintre accompagné de son fidèle ami Auguste de Forbin quitte la capitale pour se rendre à Rome qu’il atteint au début de l’été. D’abord logé près de San Carlo al Corso, Granet s’installe ensuite comme peintre indépendant et trouve un atelier dans une maison située à l’angle des rues Felice et Gregoriana, tout près de la Trinità dei Monti sur la colline du Pincio. À cette époque, l’Académie de France à Rome emménage dans la Villa Médicis dont Napoléon vient de faire l’acquisition. Rapidement, Granet devient un habitué des lieux et sera reçu en ami et voisin par les directeurs et pensionnaires successifs.
Les œuvres de chevalet de Granet, destinées à être montrées au Salon, alternent avec celles, plus intimes, esquissées sur le motif. Ces huiles de petit format composent un véritable journal qui témoigne des sites parcourus et de l’intérêt du peintre pour les variations de la lumière. Depuis le balcon-terrasse du deuxième étage de la Villa Médicis, où se trouvent les chambres des pensionnaires, Granet peut ébaucher une vue plongeante vers l’église de la Trinité-des-Monts et les jardins du couvent. À l’horizon, les toits de la ville et quelques clochers se devinent à la lumière d’un jour finissant. Sur la gauche, l’obélisque emblématique du parvis domine l’escalier descendant vers la Piazza di Spagna. L’ensemble, brossé à l’huile largement diluée, est relevé de traits noirs épais pour les contours et ponctué de quelques touches chargées pour les ouvertures et les fenêtres. Cette manière esquissée rappelle le goût du peintre pour l’aquarelle et le lavis. Un petit dessin à l’encre, vendu à Nice en 2012, signé mais non daté, reprend cette composition depuis le même point de vue. Dans ces deux œuvres, le jardin, où aucun cyprès ne semble avoir été planté, est encore tout de terre. Cet état, comparable à celui d’une vue dessinée par le jeune Achille Etna Michallon en 1818, permet de dater l’esquisse entre 1815 et 1820.
Depuis la Villa ou ses abords, Granet a peint ou dessiné plusieurs études et quelques œuvres abouties qui témoignent de son affection particulière pour l’église de la Trinité. Au cours du xixe siècle, de nombreux artistes et pensionnaires ont installé leur chevalet sur le balcon du deuxième étage de la Villa Médicis pour fixer cette même vue sur l’église et ses jardins : le jeune André Giroux vers 1825, Camille Corot peu de temps après puis Ernest Hébert dans les années 1840, pour n’en citer que quelques-uns. Ces différentes études nous renseignent sur l’évolution du jardin et sa métamorphose au fil des ans ou des saisons.
