Émile SIGNOL (1804-1892)

Vendu

Pythias et Damon chez Denys le tyran, vers 1826
Esquisse pour le prix de Rome de 1826
Huile sur papier marouflé sur toile
32 × 40 cm
Provenance : collection particulière, Belgique
Publication : P. Grunchec, Les Concours des prix de Rome 1797-1863, Paris, ENSBA, 1986, t. II, p. 93-94, dessin préparatoire repr. pl. 2, p. 4

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Né à Paris en 1804, Émile Signol passe son enfance dans la petite boutique familiale du faubourg du Temple. Passionné dès son plus jeune âge par la littérature classique et les textes latins, il n’est pas soutenu dans ses choix scolaires par son père, humble commerçant, qui espère le voir prendre sa place derrière le comptoir. Sur son temps libre, Signol hante les rayonnages des bouquinistes où il peut admirer les vignettes d’illustrations qu’il s’amuse à copier. Se découvrant un talent certain pour le dessin, l’adolescent parvient avec l’aide de sa mère à convaincre son père de le placer en apprentissage chez un peintre sur porcelaine, puis d’accepter son entrée dans l’atelier du peintre Joseph Merry Blondel. Après dix-huit mois auprès de ce premier maître, Signol rejoint les élèves d’Antoine Jean Gros, l’un des artistes les plus réputés de l’époque. En 1820, le jeune artiste s’inscrit à l’École des beaux-arts où il remporte médailles et succès aux différents concours. À l’âge de vingt ans, il fait ses débuts au Salon en exposant son premier grand tableau : Joseph expliquant ses songes à ses frères

En mars 1826, Émile Signol remporte le concours d’esquisse de l’École des beaux-arts sur le thème d’Ulysse reconnu par Euryclée. Ayant obtenu le droit de participer au prestigieux du prix de Rome, il travaille sur le nouveau sujet imposé par l’Académie : Pythias et Damon chez Denys le tyran. Vers 400 avant notre ère, le philosophe Pythias fut accusé par Denys de conspiration. Jugé coupable, le condamné demande un bref sursis pour régler des affaires personnelles. Denys accepte à la condition que Pythias laisse l’un de ses proches en otage. Damon, son ami et élève, se porte volontaire et est enfermé dans l’attente de son retour. Le délai accordé par Denys arrivant à son terme, le jeune Damon est conduit vers son exécution quand in extremis Pythias apparaît devant le tyran. Ce dernier, profondément touché par le dévouement réciproque des deux hommes, décide de leur épargner tout châtiment. 

La proposition esquissée par Signol montre, au premier plan, Damon au pied du bourreau et Pythias arrivant les bras tendus pour le secourir. Plongé dans la pénombre, Denys assis sur son trône, en position dominante, joint les mains en un geste de compassion. Peinte à l’huile sur papier, l’œuvre révèle toute la virtuosité du jeune artiste tant dans la représentation des figures que dans celle des architectures à l’arrière-plan. Dans sa loge, l’artiste passe du dessin à l’esquisse puis enfin au grand format. Cette année-là, malgré les qualités de sa toile, le grand prix lui échappe pour être décerné à Éloi Firmin Féron. Signol doit attendre 1830 avec son Méléagre reprenant les armes à la sollicitation de son épouse pour remporter enfin le concours qui lui ouvre les portes de la Villa Médicis à Rome.