Émile Charles Joseph LOUBON (1809-1863)

Falaise en Italie, 1830
Huile sur papier
29,5 × 22 cm
Annoté au verso Emile Loubon pinxit/Italie 1830

Émile Loubon, né à Aix-en-Provence en 1809, grandit au sein d’une famille aisée. Son père l’incite à faire des études générales au lycée puis à la faculté, le temps pour le jeune homme de découvrir sa voie. Intéressé par les arts, celui-ci fréquente l’école de dessin dirigée par Louis Mathurin Clérian, recevant aussi, occasionnellement, les conseils du peintre Jean Antoine Constantin. Mais c’est à sa rencontre avec François Marius Granet, de passage dans sa ville natale en 1829, qu’il doit l’orientation définitive de sa carrière. Granet qui avait déjà passé plus de vingt années en Italie, fait étape à Aix-en-Provence avant de retourner à Rome. À cette occasion, il invite le jeune Loubon et le peintre Gustave de Beaulieu à prendre la route avec lui. Une fois dans la péninsule, Émile Loubon a tout loisir de parfaire sa formation artistique, suivant son nouveau maître dans les églises, les palais et les musées à la découverte des chefs-d’œuvre anciens. Granet, infatigable peintre de plein air, incite son jeune ami à travailler sur le motif. Durant deux années Loubon noircit des carnets et accumule les huiles sur papier. 

Deux études réalisées à peu de temps d’intervalle et représentant le même lieu datent de cette période. Loubon, sur une plage du littoral, s’intéresse aux effets de la lumière sur un imposant relief de roches et de terre aux reflets ocre rouge. Sur la première feuille, prise horizontalement, il partage l’espace entre la falaise à gauche et un paysage ouvert sur la droite. Ce dernier, découpé en trois bandes, montre le sable, la mer, sur laquelle navigue un voilier, et le ciel parsemé de nuages. La deuxième composition prise en hauteur concentre l’attention sur le massif rocheux aux détails ciselés par la lumière. Dans l’espace sur la droite, l’artiste a peint l’eau et le ciel dans une même teinte bleu clair simplement ponctuée d’une touche sombre pour évoquer un voilier et fixer l’emplacement de l’horizon. Cette seconde feuille, non montée sur toile, porte au revers la mention « Emile Loubon pinxit/Italie 1830 »

De retour en France, Loubon se rend à Paris en 1832 afin d’y poursuivre ses études artistiques. Dans la capitale il se lie d’amitié avec les peintres Camille Decamps, Constant Troyon et surtout Camille Roqueplan. Dès 1833 il expose au Salon et reçoit une médaille en 1842. En 1845, la ville de Marseille fait appel à lui pour prendre la succession d’Augustin Aubert à la direction de l’école de dessin. À ce poste, Loubon, très apprécié de ses élèves, réforme en profondeur l’institution et la modernise. Il crée l’année suivante le premier salon du Cercle des amis des arts où l’on peut voir des œuvres d’Eugène Delacroix et de Camille Corot, parmi quelque deux cents numéros. En 1849, le peintre réalise un voyage en Orient, puis continue de participer à différents salons. Cependant son dévouement à l’école de Marseille l’éloigne d’une reconnaissance nationale, et Loubon s’éteint, auréolé d’une gloire principalement locale, en 1863.