Charles Émile Hippolyte LECOMTE, dit Émile VERNET-LECOMTE (1821-1900)

La Fontaine Fiorenza, La Petraia, 1845
Huile sur toile
26,3 × 17,3 cm
Titré et daté en bas à gauche la. petraia./[m]ars. 1845
Sur le châssis, deux étiquettes lecomte (Émile) et 17 –La Petraia, parc avec fontaine./Toile signée à droite [sic]
Vendu
Émile Lecomte grandit dans un foyer propice au développement de son goût pour les arts. Son père Hippolyte Lecomte est un peintre d’histoire reconnu et sa mère, Camille, la fille de Carle Vernet, est par conséquent la sœur du célèbre peintre de batailles Horace Vernet. Le jeune Émile, très tôt formé par son père et son oncle, entre à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Léon Cogniet. En 1843, il fait ses premiers pas au Salon en exposant des portraits sous le nom d’Émile Lecomte, puis, au milieu de la décennie, part pour l’Italie afin d’étudier les antiques et les maîtres de la Renaissance. À Florence en 1845, l’artiste de vingt-quatre ans découvre les chefs-d’œuvre d’architecture et de sculpture rassemblés dans la capitale toscane. Durant son séjour, il se rend sur la colline du Castello qui domine la ville et visite les jardins de la villa médicéenne appelée la Petraia, splendide demeure construite au xive siècle que Cosme Ier de Médicis a largement remaniée et embellie au xvie siècle.
Arrivant devant la façade de la Petraia, Émile Lecomte est saisi par la grâce d’une fontaine installée sur le parvis. Initialement conçue pour le parc de la villa Castello situé plus loin sur le domaine, cette fontaine est l’œuvre du sculpteur et architecte NiccolòTribolo, un proche de Benvenuto Cellini. Composée d’une double vasque en marbre, elle est surmontée d’une figure en bronze représentant Vénus coiffant ses cheveux, surnommée La Fiorenza en référence à la ville. Dessinée à l’origine par Tribolo lui-même, la sculpture est réalisée vers 1560 par Giambologna, célèbre artiste d’origine flamande installé à Florence. Selon Giorgio Vasari, l’image de la divinité nue essorant l’eau de ses cheveux a été choisie pour évoquer la beauté de Florence, ville construite au confluent de l’Arno et du Mugnone. Déplacée en 1788 en léger contrebas de la villa Petraia, elle donne son nom à la partie orientale du jardin appelée depuis Piano della figurina. Le jeune peintre choisit savamment son point de vue pour peindre son motif, de manière que la structure blanche de la fontaine se découpe sur un bosquet de cyprès vert foncé et que la délicate sculpture d’un bronze plus sombre se détache sur le fond de ciel bleu. Aujourd’hui, l’original de Giambologna, remplacé par une copie, est conservé dans la villa.
De retour à Paris l’année suivante, Émile Lecomte reprend ses participations au Salon en se spécialisant rapidement dans le genre de la peinture orientaliste. Ses premières toiles sur ce thème, Tête de Syrien et Femme Syrienne, sont exposées au Salon de 1847, bien que l’artiste, semble-t-il, n’ait découvert l’Orient qu’à l’occasion d’un voyage en Égypte en 1863, suivi d’un séjour en Algérie six ans plus tard. Rapidement, il fait précéder son patronyme du nom de son oncle et de ses illustres ancêtres maternels pour signer « Émile Vernet-Lecomte ». Il connaît, jusqu’à sa mort en 1900, une brillante carrière de peintre mondain ponctuée de nombreuses commandes et récompenses officielles.
