Victor PROUVÉ (1858-1943)

Vendu

Portrait de Jean Prouvé (1901-1984) à la palette, vers 1918-1920
Crayon noir sur papier
53,3 × 34,5 cm
Annoté au verso en bas à gauche JEAN
Provenance : fonds d’atelier de l’artiste

Vendu

Victor Prouvé grandit à Nancy dans une famille d’artisans, apprenant les rudiments du dessin auprès d’un père créateur de motifs pour des ateliers de broderie. À quinze ans, il entre à l’école de dessin de sa ville natale avant de s’installer en 1877 à Paris. Admis à l’École des beaux-arts, il intègre l’atelier d’Alexandre Cabanel pour cinq ans. Ses études terminées, l’artiste expose pour la première fois au Salon en 1882. Proche du mouvement symboliste, il peint des toiles d’abord marquées par un certain « romantisme noir » avant de se diriger vers une production plus décorative. Bien que vivant à Paris, Victor Prouvé conserve des liens forts avec la communauté artistique de Nancy. Émile Gallé, ébéniste et verrier, lui commande régulièrement des dessins pour orner ses meubles et ses vases. Ces activités, ainsi que son amitié avec Jacques Majorelle, maître de l’Art nouveau naissant, incitent Prouvé à s’intéresser de plus en plus aux arts décoratifs. Certaines de ses œuvres réalisées en collaboration avec les ateliers nancéiens sont présentées à l’Exposition universellede 1889. 

À l’occasion d’une visite chez son ami le violoniste Louis Hekking en 1897, Victor Prouvé rencontre Marie Duhamel, une jeune pianiste de dix-huit ans comme lui d’origine lorraine, qu’il épouse l’année suivante. De cette union naîtront Hélène en 1899, Jean en 1901 et cinq autres enfants. Le petit Jean connaît une enfance heureuse au sein du foyer familial fréquenté par de nombreux peintres et musiciens. Initié au dessin par son père et aux métiers d’art par son parrain, Émile Gallé, le jeune homme entre en apprentissage chez un ferronnier en 1916, puis dans l’atelier du décorateur Raymond Subes quelques années plus tard. Lors de ses fréquentes visites chez ses parents, Jean peut partager l’atelier paternel pour travailler à ses œuvres personnelles. Sur un dessin au crayon noir, Victor esquisse les traits de son fils, âgé de moins d’une vingtaine d’années. Pris sur le vif, en légère contre-plongée, Jean qui paraît immense tient sa palette dans une main et un pinceau dans l’autre. La figure, cadrée au-dessus des chevilles, est complétée par la reprise d’un pied dans le bas, à droite de la feuille. Le menton fort du jeune homme, son nez droit et ses cheveux fournis lui retombant sur le front se retrouvent dans un portrait plus abouti peint par son père en 1916 et provenant de la collection Françoise Gauthier, fille du modèle. 

Jean Prouvé ne deviendra pas peintre. Après des débuts comme ferronnier d’art, il délaisse le style Art nouveau pour s’engager sur les chemins de l’avant-garde à la fin des années 1920. Membre fondateur de l’Union des artistes modernes en 1929, il s’impose comme l’un des grands réformateurs des arts décoratifs du xxe siècle. Relativement méconnu du grand public de son vivant, il apparaît aujourd’hui comme une référence incontournable de l’histoire du design. Son père, Victor, avait pris la direction de l’école des beaux-arts de Nancy en 1919, poste qu’il conserva jusqu’en 1940.