Stéphanie de VIRIEU (1785-1873)

Vendu

L’Apparition, vers 1825-1830
Lavis d’encre brune sur papier
24,3 × 18,4 cm
Provenance : ensemble de dessins de l’artiste ayant appartenu à ses neveux

Vendu

Stéphanie de Virieu, fille du marquis François Henri de Virieu, est née le 14 juillet 1785 à Saint-Mandé. Bien qu’encore très jeune en 1789, elle eut à souffrir de la période révolutionnaire. Le château familial de Pupetières, saccagé et en partie détruit par les flammes, devient inhabitable. La jeune fille, accompagnée de son frère Aymon, de sa sœur et de leur mère, entre dans une période d’errance qui la conduit en Suisse puis à Paris. En 1793, son père est tué durant le siège de Lyon et Stéphanie se réfugie dans la pratique du dessin tout en prenant des leçons auprès de deux anciens élèves de David. À la faveur des changements de régime, les Virieu retrouvent une certaine quiétude d’esprit et une relative aisance financière. Vers 1803, ils s’installent au château de Lemps à quelques kilomètres de leur château de Pupetières en ruine. Aymon, inscrit en pension au collège de Belley, se lie d’une amitié durable avec Alphonse de Lamartine. Le jeune poète, qui vient régulièrement faire des séjours chez les Virieu, s’attache à Stéphanie à qui il lit ses vers au fil de leur composition. Les années s’écoulent alors paisiblement au château de Lemps où Stéphanie poursuit ses activités artistiques loin des salons et du tumulte parisiens. 

Après un voyage d’étude en Italie en 1823 et 1824, Stéphanie, encouragée par son frère Aymon, s’éloigne peu à peu de ses thèmes de jeunesse marqués par la poésie de Lamartine et volontiers baignés de romantisme fantastique, pour développer un sentiment empreint de religiosité. Après la naissance de ses neveux et nièces, elle s’implique dans leur éducation et les prend souvent pour modèles dans ses dessins lors de leurs visites au château de Lemps. 

Le thème de l’enfance apparaît dès lors central dans l’œuvre de l’artiste. Sur un lavis d’encre datant probablement de la fin des années 1820, Stéphanie représente trois enfants au bord d’un lac. Les deux plus jeunes joignent leurs mains en prière, tandis qu’une fillette à genoux, légèrement plus âgée, veille sur eux. Survolant l’étendue d’eau, une figure féminine drapée de blanc leur fait face, bras ouverts. Cette apparition, sans autre élément iconographique qui permette d’en décider, peut aussi bien être celle de la Vierge Marie que d’une fée du lac, telle Viviane dans la légende arthurienne. 

Stéphanie, restée célibataire, n’a pas d’enfant. Travaillant sans relâche, elle gagne peu à peu une réputation de grande piété et réalise des peintures religieuses pour les églises de sa région. À la fin de sa vie, atteinte de cécité, elle cesse de peindre et de dessiner pour se consacrer à la sculpture, et c’est en Gascogne, où elle s’est retirée, qu’elle sculpte sa dernière œuvre : un chemin de croix en quatorze hauts-reliefs pour l’église de Poudenas.