Sébastien NORBLIN (1796-1884)

Salmacis et Hermaphrodite, 1825
Lavis d’encre et gouache blanche sur papier brun
22,4 × 19 cm
Signé et daté au centre sur la gauche Norblin 1825
En bas à droite et à gauche, cachets de la vente Portalis de 1911 (Lugt 2232)
Provenance : vente collection du baron Portalis, 2-3 février 1911, Paris, hôtel Drouot, no 73 : « Salmacis et Hermaphrodite ? Sépia et gouache. Encadré. Cadre Empire./H. 225. L. 190. »

Né en 1796 à Varsovie, alors en Prusse-Méridionale, Sébastien Norblin grandit dans une famille d’artistes : son père, Jean-Pierre Norblin de La Gourdaine, est peintre et ses deux demi-frères aînés, Louis et Alexandre Jean Constantin, seront respectivement musicien et sculpteur. Son surnom de Sobeck, qui remonte à son enfance passée en Pologne, lui restera attaché tout au long de sa vie. Installé en France avec sa famille depuis 1804, le jeune Sébastien commence son apprentissage auprès de son père à Provins avant d’entrer à l’École des beaux-arts de Paris. Là, il fréquente les ateliers de François André Vincent, Merry Joseph Blondel et Jean-Baptiste Regnault, avant de remporter le concours du prix de Rome en 1825 grâce à son Antigone donnant la sépulture à Polynice

De cette année charnière dans la carrière du peintre date un dessin d’inspiration mythologique qui représente Salmacis et Hermaphrodite. Puisée dans le quatrième livre des Métamorphoses d’Ovide, la légende est celle du bel Hermaphrodite, fils d’Hermès et d’Aphrodite, qui, un jour, alors qu’il se baignait nu, fut surpris par Salmacis. Celle-ci, immédiatement séduite par la beauté de l’éphèbe, tenta de l’étreindre et de s’unir à lui par la force. Hermaphrodite se refusant, la nymphe implora les dieux de réunir leurs deux corps en un seul. Son vœu exaucé, ils formèrent une unique entité pourvue des deux sexes. Sur le dessin, le jeune homme, la jambe tendue pour entrer dans l’eau, occupe au premier plan toute la diagonale de la feuille. Esquissée à l’arrière-plan, la figure de Salmacis se mêle à la végétation et au paysage. Sur une feuille de papier préparée en brun, Sébastien Norblin a posé un lavis d’encre rehaussé à la gouache blanche. Cette technique ancienne, souvent employée par Théodore Géricault durant son voyage en Italie, revient en usage durant la première moitié du xixe siècle. Un autre dessin de Norblin récemment passé en vente publique à Paris (Millon, 21 mars 2024) représente Vénus et Adonis, autre sujet tiré d’Ovide, selon le même procédé mais relevé d’aquarelle. 

Peu de temps après avoir exécuté ces dessins, Sébastien Norblin prend la route de l’Italie. Arrivé en 1826 à la Villa Médicis, le peintre passe sept années dans la Péninsule, dessinant de nombreux paysages qui lui serviront fréquemment de décor pour ses tableaux d’histoire. À son retour en France, l’artiste participe régulièrement au Salon et commence à enseigner. Pour se différencier de son père, il signe « Norblin Jeune » jusqu’à la mort de ce dernier en 1830. Sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, le peintre reçoit de nombreuses commandes publiques. Lié depuis son enfance à la communauté polonaise et plus particulièrement à la famille du prince Adam Jerzy Czartoryski, il réalise pour celui-ci plusieurs décors dans l’hôtel Lambert aux côtés d’Eugène Viollet-le-Duc et Eugène Delacroix.