Pierre Henri RÉVOIL (1776-1842)

Vendu

Indulgence plénière, vers 1805
Encre et aquarelle sur papier
43 × 59,5 cm 
Signé et localisé en bas à droite à l’encre P. Révoil/Lugdunens
Provenance : collection Marie-Claude Chaudonneret (1948-2023)
Publication : Marie-Claude Chaudonneret, Fleury Richard et Pierre Révoil, la peinture troubadour, Paris, Arthena, 1980, n124, fig. 269 : « Ex-Voto »

Vendu

Pierre Révoil est un peintre d’origine lyonnaise formé sous la direction de Donat Nonnotte et d’Alexis Grognard à l’école gratuite de dessin. En 1793, la pauvreté de sa famille le contraint à travailler chez un fabricant de papiers peints lyonnais avant d’entrer deux ans plus tard dans l’atelier de David à Paris sur la recommandation de Pierre Toussaint Dechazelle, directeur d’une fabrique de soieries. Le jeune artiste adopte le style néoclassique de son maître pour des œuvres d’inspiration opportunément patriotique qui lui permettent de se faire connaître du public puis de s’attirer les faveurs de l’État avec son tableau intitulé Bonaparte relevant la ville de Lyon de ses ruines en 1804. 

Très attaché à sa ville natale, Pierre Révoil suit avec attention depuis Paris l’actualité locale et la nomination du cardinal Fesch, oncle de Bonaparte, comme archevêque de Lyon puis primat des Gaules à la suite du Concordat de 1801. Devenu empereur, celui que l’on nomme dès lors Napoléon Ier autorise le cardinal de racheter la chapelle de Fourvière vendue pendant la Révolution. Des hauteurs de la colline éponyme dominant la ville, la chapelle reçoit par ordonnance du pape Pie VII en 1805 une indulgence plénière quotidienne à perpétuité, soit une absolution totale des péchés pour chaque visiteur. Pierre Révoil réalise alors une grande aquarelle en relation directe avec l’événement. Elle représente, debout sur un sol en damier, un jeune garçon vêtu misérablement, désignant d’un bâton une immense tenture. Ornée en son centre d’une figure de sainte dans une couronne de laurier, elle porte la mention en lettres capitales : indulgence pleniere. La tenture est attachée par des cordes à deux colonnes cannelées accostées par deux arbres qui ferment la composition. Sur la gauche, un fragment de paysage s’immisce avec difficulté dans l’espace resté libre. Il montre, bordant l’extrémité de la feuille, un petit édifice religieux accroché à la colline, possible évocation simplifiée de la chapelle de Fourvière dessinée de mémoire par l’artiste. La sainte associée à une encre marine pourrait être Philomène, jeune martyre, dont la dépouille vient d’être découverte en Italie en 1802 et dont le culte nouveau connaît déjà une certaine popularité. 

Revenu vivre à Lyon, Révoil est nommé professeur à l’école des beaux-arts située dans le palais Saint-Pierre. Très apprécié durant l’Empire et couvert de commandes, il est chargé de dessiner le nouveau blason de l’hospice de la Charité de Lyon en 1814. À la chute de Napoléon, le changement de régime n’affecte pas la popularité de l’artiste qui s’installe en Provence entre 1818 et 1823. De nouveau à Lyon, il dirige l’école jusqu’en 1830, mais voit sa carrière décliner avec l’arrivée des Orléans au pouvoir. Après quelques années passées en Provence le peintre meurt à Paris, oublié de ses contemporains, en 1842.