Philippe Auguste HENNEQUIN (1767-1842)

Paysage animé de figures antiques, vers 1820
Pierre noire sur papier bleu
29 × 43,6 cm
Signé en bas à droite Ph Hennequin
Vendu
Né à Lyon en 1762, Philippe Auguste Hennequin connaît une enfance difficile marquée par la mort de sa mère et la violence de son père. Il s’initie au dessin auprès d’un peintre de fleurs lyonnais avant de devenir l’élève d’un artiste d’origine suédoise, Pierre Cogell. Fort de plusieurs récompenses dans sa ville natale, il gagne Paris et entre dans l’atelier de Jacques Louis David en 1779. Très apprécié par son nouveau maître, l’artiste doit cependant écourter son apprentissage à cause d’accusations de vol. D’abord livré à lui-même, Hennequin reçoit en 1783 le soutien d’un amateur anglais qui finance son voyage en Italie. À Rome, il copie les antiques et les maîtres tout en noircissant ses feuilles de paysages inspirés par l’art de Nicolas Poussin et celui du Lorrain. Après plusieurs années en Italie il est contraint de quitter Rome précipitamment, accusé cette fois d’avoir prêté son atelier aux rencontres franc-maçonniques de Joseph Balsamo, dit Cagliostro. De retour en France, il s’installe d’abord à Lyon, où il se rapproche des jacobins, avant de revenir dans la capitale où ses engagements politiques mènent à sa rapide incarcération. Condamné, il échappe toutefois à la guillotine et recouvre la liberté en 1797. Hennequin, qui expose au Salon, remporte un vif succès avec sa toile Les Remords d’Oreste en 1800. Malgré le soutien de Vivant Denon et plusieurs commandes officielles, l’artiste connaît une carrière en dents de scie sous l’Empire, probablement du fait de son caractère et de ses opinions tranchées. Il quitte définitivement Paris pour Bruxelles en 1809.
En Belgique, Hennequin ouvre un atelier et travaille à plusieurs commandes publiques et privées avant d’emménager à Tournai en 1820. Il espère obtenir dans cette ville un poste de professeur à l’Académie des beaux-arts qui sera finalement confié à Cornelis Cels. De cette époque date une série de paysages sur papier qui conservent le souvenir de son voyage en Italie. L’une de ces feuilles préparées en bleu présente un dessin à la pierre noire évoquant les œuvres de Pierre Henri de Valenciennes, elles-mêmes inspirées des paysages de Nicolas Poussin et de Francisque Millet. Au premier plan sur la droite, placés à contre-jour, trois hommes vêtus à l’antique semblent converser tandis qu’un autre, couché, un chien à son côté, regarde dans leur direction. Le groupe est installé près d’un lac sur lequel on distingue une barque en train d’accoster. Par-delà les arbres qui bordent l’étendue d’eau, les toits d’une ville se découpent sur un fond de montagnes esquissées à l’arrière-plan.
En 1827, Philippe Auguste Hennequin obtient enfin le poste de directeur de l’Académie des beaux-arts de Tournai. Affecté par des problèmes de vue puis évincé de la direction de l’Académie qui ferme ses portes en 1830, l’artiste quitte Tournai pour la ville de Leuze où il s’éteint trois ans plus tard. Son influence sur la génération romantique des peintres belges, sur Louis Gallait en particulier, apparaît aujourd’hui incontestable.