Paul HUET (1803-1869)

Lisère d’étang, impression fin d’été, Chaville, vers 1867
Aquarelle sur papier
16,6 × 25 cm
En bas à droite, cachet de l’atelier Paul Huet (Lugt 1268)
Annotations au verso du montage d’origine coll : Perret-Carnot/Henrotin Huet ; titré, localisé et daté “Lisière d’étang, impression fin d’été”/Chaville (aquarelle) 1867
Paul Huet, né à Paris en 1803, manifeste dès l’adolescence des dons pour le dessin. Sur l’île Seguin où il séjourne régulièrement avec sa famille, le jeune Paul, âgé de treize ans, fait la connaissance du peintre Jean Julien Deltil auprès duquel il s’initie à l’art du paysage en plein air. Entre 1818 et 1819, il fréquente l’atelier de Pierre Narcisse Guérin, puis celui d’Antoine Gros jusqu’en 1822. Plus influencé durant ses études par la fougue de Théodore Géricault que par les leçons académiques de ses maîtres, Paul Huet, en assombrissant sa palette et en alourdissant sa pâte, propose, parmi les premiers, une expression pleinement romantique du paysage.
Lié d’amitié avec Richard Parks Bonington, un jeune artiste anglais venu étudier à Paris, il est marqué en 1824 par la découverte des œuvres de John Constable. À partir de 1827, il expose au Salon et intègre les cercles romantiques au sein desquels il échange avec Delacroix et Victor Hugo qui apprécient son travail. Sa toile, Soleil se couchant derrière une abbaye, peinte en 1831 (musée de Valence), s’inspire d’un poème de l’auteur des Orientales. Républicain convaincu, Huet s’implique dans la révolution de 1830 et se rapproche d’Alphonse de Lamartine et d’Alexandre Dumas. Ce dernier, proche de la nouvelle famille royale, lui obtient en 1837 un poste de professeur de dessin auprès de la jeune épouse du prince héritier, la duchesse Hélène d’Orléans. Infatigable voyageur malgré une santé fragile, Paul Huet parcourt la France en quête de motifs et se rend régulièrement dans la forêt de Fontainebleau, en Normandie et sur la Côte d’Azur pour travailler. Auréolé de gloire pendant la monarchie de Juillet, l’artiste, mis à l’écart durant le Second Empire, s’éloigne de la capitale et achète un chalet à Chaville en 1863. Ce village, situé près de Versailles et entouré par les forêts domaniales de Meudon et de Fausses-Reposes, offre au peintre un cadre parfait pour se reposer tout en dessinant. Excellent aquarelliste, Huet restitue la richesse et la variété des paysages sur le papier avec une éblouissante facilité. Un jour de fin d’été, installé près d’un étang, il place ses couleurs diluées sur quelques rares traits de pierre noire sous-jacents. Au premier plan, les ocres et les bruns évoquent la terre gorgée d’eau que domine une rangée d’arbres traitée en vert sombre. Le ciel lourd, d’un bleu menaçant grisé par le lavis d’encre, invite au départ avant la tombée de la pluie. Cette œuvre, réalisée à la fin de la vie de l’artiste, montre des préoccupations proches de celles des futurs impressionnistes.
Après avoir participé à l’Exposition universelle de 1867 durant laquelle il souffre amèrement des critiques que lui fait Théodore Rousseau, Huet se rend à Étretat pour un dernier voyage. Rentré fatigué et malade, il s’éteint dans son appartement parisien le 9 janvier 1869. Moins célèbre que Corot aujourd’hui, son influence sur toute une génération d’artistes paysagistes à partir des années 1860 reste pourtant indéniable.