Paul DELAROCHE (1797-1856)

Portrait du général baron Jean Rabusson (1774-1848), vers 1835
Pierre noire et craies de couleur sur papier
32,2 × 26,7 cm
Signé et dédicacé Paul Delaroche/à son oncle Rabusson
Au dos du montage d’origine, une étiquette annotée à l’encre général Bon Rabusson/par Paul Delaroche/son neveu/a appartenu à Ernestine Rabusson ; à l’encre en haut à gaucheJean
Provenance : Ernestine Rabusson (1816-1907), fille du modèle ; par descendance, famille Rabusson-Corvisart, château de Brocéliande à Paimpont
Vendu
Paul Delaroche grandit à Paris dans une famille aisée. Son père, qui est marchand de tableaux et deviendra plus tard directeur du Mont-de-Piété, suscite la vocation artistique de son fils qui entre dans l’atelier d’Antoine Jean Gros. En 1824, Delaroche participe au Salon et se fait remarquer grâce à sa toile intitulée Jeanne d’Arc malade est interrogée dans sa prison par le cardinal de Winchester. Le peintre, qui rencontre un immense succès populaire avec Les Enfants d’Édouard au Salon de 1831, est nommé membre de l’Institut en 1832, puis professeur à l’École des beaux-arts l’année suivante. Peu de temps après, il quitte Paris en direction de l’Italie. À Rome, Delaroche épouse Louise, la fille du peintre Horace Vernet qui est alors directeur de la Villa Médicis. Par cette alliance, le peintre intègre en 1835 une famille héritière d’une longue histoire artistique.
À son retour en France, le jeune couple fréquente ce cercle élargi. La mère de sa femme, Louise Vernet née Pujol, a une sœur aînée, Henriette, épouse du baron Rabusson. Excellent portraitiste, l’artiste demande à celui qui est devenu son oncle par alliance de prendre la pose. Installé face à lui, le général Rabusson, homme d’une soixantaine d’années, arbore sa croix de la Légion d’honneur sur son costume d’officier. Saisi en buste, les bras croisés sur la poitrine, le modèle montre un visage austère, mais bienveillant, qui se dégage sur un fond noirci à l’estompe. L’ensemble, majoritairement tracé à la pierre noire, est délicatement relevé de craies de couleur sur le visage. Comme souvent chez Delaroche, ce portrait très achevé dans sa partie supérieure apparaît progressivement plus esquissé lorsque l’on s’éloigne de la tête du modèle. À l’origine simple garçon boucher, Jean Rabusson s’était engagé volontairement dans l’armée en 1793. Devenu officier de la Garde impériale de Napoléon Ier, il fut décoré de la Légion d’honneur en 1804 et élevé au grade de général avant de recevoir le titre de baron en 1813.
Nous savons qu’Horace Vernet réalisa de son côté au moins deux portraits de son beau-frère : une peinture restée dans la famille du modèle jusqu’en 1972 et un dessin réapparu en 2009. Ce dernier, en tous points identique à celui de Delaroche, doit lui être postérieur malgré une mention 1832 au revers. Si rien ne différencie les deux œuvres hormis leurs signatures, le style, similaire à celui des différents portraits qu’il exécute à cette époque, est à n’en pas douter celui de Paul Delaroche.