Octave Nicolas TASSAERT (1800-1874)

Malek Adhel sauveMathilde d’une horde de Bédouins, vers 1830
Pierre noire et craie blanche sur papier
19,9 × 27,8 cm
Signé du monogramme en bas à gauche OT
Né en 1800 à Paris dans une famille d’origine flamande, Tassaert fut d’abord initié au dessin par son père et son frère aîné, avant de se former à la gravure auprès d’Alexis François Girard. Inscrit en 1817 à l’École royale des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Guillaume Guillon Lethière il ne parvient jamais à accéder au concours du prix de Rome et met fin à ses études en 1825. Comme de nombreux jeunes artistes de son époque, Octave Tassaert, pour subvenir à ses besoins, fournit des dessins et des lithographies aux éditeurs parisiens. La plupart de ces créations sont publiées sans mentionner son nom. À la fin des années 1820, alors qu’il fait ses débuts au Salon, l’artiste trouve un emploi stable chez l’éditeur Jean Frédéric Ostervald avant d’entamer une collaboration avec la maison Bès et Dubreuil. Pour cette dernière, il dessine des séries de planches lithographiées sur des thèmes variés allant de l’histoire de Napoléon à des sujets tirés des œuvres de Chateaubriand, Hugo ou Dumas. Les catalogues de la maison Bès et Dubreuil mentionnent, parmi d’autres, une série consacrée à l’histoire de Mathilde et Malek Adhel.
Mathilde, ou Mémoires tirés de l’histoire des croisades est un roman français de Sophie Cottin qui connut un immense succès dès sa publication en 1805. Réédité de nombreuses fois, le texte raconte l’histoire complexe et passionnée entre Mathilde, la sœur de Richard Cœur de Lion, et Malek Adhel, le frère de Saladin. L’amour presque impossible entre les deux protagonistes, l’une chrétienne et l’autre musulman, donne lieu à une succession d’épisodes chevaleresques et moraux. Au cœur du roman, l’auteur décrit la scène du sauvetage de la jeune femme retenue captive par des Bédouins : « En enlevant Mathilde de leurs mains, il la plaça sur son cheval, la déroba par son courage à la mort et au déshonneur. » Ce moment du récit fut souvent choisi par les artistes romantiques qui illustrèrent le roman. Octave Tassaert dans un dessin, probable première pensée pour l’une de ses lithographies, représente Malek Adhel à cheval tenant entre ses bras Mathilde évanouie. Au galop, ils traversent le désert et piétinent les armes qui jonchent le sable. Traité avec rapidité à la pierre noire et à la craie blanche, l’œuvre accentue le contraste entre l’attitude sereine des deux personnages principaux et le chaos général du décor qui les entoure.
En 1834, Octave Tassaert accède enfin à la reconnaissance lorsque le prince Ferdinand Philippe, fils aîné du roi, achète sa Mort du Corrège exposée au Salon. Les œuvres qu’il expose par la suite alternent entre sujets d’histoires et religieux, portraits et scènes de genre. Au début des années 1850, le jeune et riche collectionneur Alfred Bruyas s’intéresse à son travail et lui apporte durablement son soutien. Malgré des commandes régulières, Tassaert, d’un tempérament dépressif, quitte lentement la scène artistique après le Salon de 1855 puis cesse définitivement de peindre avant de sombrer dans l’alcoolisme. Il meurt à Paris, esseulé, en 1874.