Ludovic Napoléon LEPIC (1839-1889)

La Chouette, 1866
Aquarelle et rehauts de gouache sur traits de mine graphite sur papier
34,4 × 25,5 cm 
Signé et daté en bas à droite Vicomte Lepic 1866.

Né en 1839, Ludovic Napoléon Lepic est l’unique héritier d’une riche famille dont les membres les plus éminents ont fait carrière dans l’armée. En 1858, après avoir fait des études secondaires au lycée Bonaparte, le jeune homme, attiré par la peinture, désire poursuivre dans cette voie, mais se trouve confronté à la très vive opposition de ses parents. Sa grand-mère, veuve d’un général du Premier Empire et véritable cheffe de famille, insiste pour que, comme son père et ses oncles, Ludovic fasse ses classes militaires. S’y refusant absolument, ce dernier accepte, sous forme d’un compromis moins déshonorant, d’entamer des études de droit qu’il abandonne toutefois très rapidement. Résignés, ses parents subviennent à ses besoins lorsqu’il commence à prendre des cours avec le peintre Gustave Wappers puis avec Charles Verlat auprès duquel il s’initie à la technique de l’eau-forte. Fort d’une première reconnaissance comme graveur, mais souhaitant compléter sa formation académique, Lepic entre en 1863 dans l’atelier de Charles Gleyre où il rencontre Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille. Un an plus tard, inscrit à l’École des beaux-arts, il suit sans assiduité les cours d’Alexandre Cabanel et mène une vie d’artiste mondain en compagnie de son fidèle ami Edgar Degas. 

Durant les années 1860, Ludovic Lepic s’affirme comme artiste animalier. Son bestiaire, d’abord principalement canin, s’élargit à d’autres espèces au fil des ans. Le plus souvent gravés à l’eau-forte, ces animaux sont aussi les sujets de quelques dessins et peintures. Une aquarelle datée de 1866 et signée Vicomte Lepic représente une chouette. Le rapace nocturne, niché dans l’ouverture d’un mur, nous regarde fixement, les yeux grands ouverts. Au premier plan, deux branches chargées de feuilles aux couleurs d’automne l’encadrent. Datant de la même année, une peinture intitulée Atelier d’un fourbisseur au xvie siècle porte la même signature avec le titre de vicomte au lieu des prénoms de Lepic. Celle-ci fut offerte par l’auteur au musée Calvet d’Avignon l’année suivante. Peu de temps après, d’autres oiseaux apparaissent dans ses œuvres : un héron sur une toile inspirée par les Fables de La Fontaine en 1868, et un hibou sur une gravure de 1869 titrée Le Destin

Proche des futurs impressionnistes à leurs débuts, Ludovic Lepic ne s’intègre jamais pleinement au groupe. Rejeté par ses amis pour son style jugé trop classique, l’artiste devient peintre de marine après sa découverte de la Côte picarde en 1876. Passionné d’histoire et d’archéologie, il s’intéresse tôt à la préhistoire et adhère à différentes sociétés savantes. Médaillé au Salon de 1877, l’artiste multiplie les expositions et diversifie ses activités en créant des costumes pour l’Opéra ou en fournissant des dessins pour des services de vaisselles. Souvent portraituré par Degas dans ses œuvres, Lepic meurt brutalement en 1889, à l’âge de quarante-neuf ans.