Louis Eugène LAMBERT (1825-1900)


Intérieur d’étable à Nohant, vers 1845-1855
Lavis d’encre sur papier
11,3 × 16,4 cm
Signé du monogramme en bas à droite e.l

Élève de Paul Delaroche, Eugène Lambert rencontre Maurice Sand, fils de la célèbre écrivaine George Sand, durant leurs années d’études à Paris, probablement dans l’atelier d’Eugène Delacroix en 1842. Maurice et sa mère vivent alors entre la capitale et le Berry, où ils possèdent une vaste demeure à Nohant. Là, George Sand écrit la plupart de ses romans et reçoit ses amis, parmai lesquels Frédéric Chopin, Franz Liszt, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas fils et Gustave Flaubert. En juin 1844, Maurice invite son ami Eugène à venir passer un mois à la campagne dans la maison de Nohant. George qui apprécie le jeune homme ne s’oppose pas à ce qu’il reste un peu plus longtemps pour tenir compagnie à son fils. Ce peu de temps deviendra des mois puis des années et Eugène restera finalement à Nohant pendant près de douze ans. À la demande de sa mère, Maurice, avec l’aide de son ami, commence à créer un théâtre de marionnettes en 1847. Installé dans un des salons de la maison, ce qui au départ ne devait être qu’un petit castelet va, au fil du temps, occuper tout l’espace de la pièce et se transformer en véritable scène praticable par des acteurs de chair et d’os. Tous ensemble, ils écrivent les pièces, créent les décors et confectionnent une bonne centaine de costumes et de marionnettes qu’ils animent. 

Durant son long séjour à Nohant, Eugène Lambert bien qu’occupé par le petit théâtre, poursuit son travail de peintre et fait des envois réguliers au Salon. Dans les greniers de la maison, il partage avec Maurice un atelier que George Sand a fait percer de deux grandes fenêtres. Les thèmes qu’il aborde alors sont principalement inspirés par son lieu de villégiature : la maison, ses jardins et les animaux qui y vivent. Plusieurs œuvres, des dessins et quelques peintures, témoignent encore de son activité artistique pendant cette période. L’une d’elles, aujourd’hui conservée au musée de la Vie romantique, représente la cuisine de Nohant et correspond sûrement à la toile exposée sous le titre Une cuisine au Salon de 1848. Un dessin au lavis d’encre brune réalisé dans le même esprit montre le recoin d’une étable. On peut y voir réunis un tonneau, une échelle, plusieurs paniers en vannerie et une caisse en bois destinée à accueillir un lapin. Le tout, parsemé de brins de paille, est plongé dans la pénombre grâce à un traitement de l’encre qui évoque le travail des artistes hollandais du xviie siècle. 

En 1856, Eugène Lambert se décide à quitter le confort campagnard de Nohant et rentre à Paris. Là, il fait un « bon » mariage qui le met durablement à l’abri du besoin. Spécialisé en peinture animalière, avec une prédilection pour les félins domestiques, l’artiste croule sous les commandes et continue d’exposer avec succès au Salon ; il est rapidement surnommé le « Raphaël des chats ». Tout au long du reste de sa vie, il entretient une correspondance régulière avec Maurice et sa mère sans oublier de revenir les voir à plusieurs reprises à Nohant.