Louis BUISSERET (1888-1956)

Vendu

La Douleur d’Orphée, vers 1908-1910
Aquarelle et encre sur papier
36,2 × 26,7 cm
Titré et signé en bas à gauche La douleur d’Orphée/L Buisseret

Vendu

Originaire de Binche en Belgique, Louis Buisseret grandit dans un milieu d’érudits et d’enseignants. Son père, professeur de latin et de grec, lui offre un contexte intellectuel propice à l’éveil de son talent. Encouragé par sa famille, il s’inscrit en 1904 à l’académie des beaux-arts de Mons où il a pour professeurs le graveur Louis Greuze et le peintre Émile Motte. Durant ces années d’études, il se lie d’amitié avec René Mallet, Anto Carte et Alfred Moitroux, ses condisciples d’atelier. À l’âge de dix-sept ans, il présente certaines de ses créations à l’Exposition nationale de la ville de Binche, et réalise l’affiche du Gille de Binche célébrant les festivités locales. En 1908, Buisseret quitte Mons pour entrer à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles. Là, il étudie la peinture auprès d’Herman Richir et rencontre Jean Delville qui a sur lui une influence importante. Ce dernier, illustre représentant de l’école symboliste belge, conforte le jeune Buisseret dans son goût pour un dessin raffiné et des sujets inspirés de la mythologie. 

Une aquarelle datant de cette période de jeunesse témoigne de cette filiation. Titrée en bas à gauche « La douleur d’Orphée », l’œuvre montre le héros grec, poète et musicien, prenant appui sur un rocher. Son corps nu, pudiquement voilé, semble se tordre de douleur. Les bras levés, il tient une lyre au-dessus de sa tête et cache son visage. La tristesse inconsolable d’Orphée est liée à la mort d’Eurydice, belle naïade dont il était amoureux et qu’il n’est pas parvenu à ramener des Enfers. Techniquement l’œuvre doit beaucoup à Delville. Tracée à l’encre, la figure, relevée par un jeu d’aquarelle ocre et bleue, se dresse au centre de la page, telle une sculpture de terre mise en couleurs. Le sujet résonne avec l’Orphée mort, peint par Delville en 1893 et exposé au salon de la Rose + Croix à Paris la même année. Ce chef-d’œuvre de la peinture symboliste ne montre pas la douleur du poète mais sa tête coupée posée sur sa lyre. Orphée, ayant fini par mourir de tristesse, fut démembré par les ménades qui abandonnèrent sa tête flottante à la dérive.

Après avoir échoué au prix de Rome de peinture belge en 1910, Louis Buisseret remporte le concours dans la catégorie de la gravure l’année suivante. En compagnie de son père, l’artiste découvre l’Italie en 1913, visitant Rome, Florence, Sienne et Venise. De retour en Belgique, il reçoit plusieurs récompenses et créé en 1928 le groupe Nervia avec Anto Carte et Léon Eeckman. Son style, qui s’éloigne alors du symbolisme de sa jeunesse en faisant de plus en plus référence aux maîtres italiens du Quattrocento, peut être rapproché sous certains aspects de celui de Giorgio De Chirico. Devenu directeur de l’académie des beaux-arts de Mons, l’artiste est élu à l’Académie royale de Belgique en 1847 avant de représenter son pays à la Biennale de Venise en 1948. Après sa mort en 1956, plusieurs expositions rétrospectives de son œuvre ont été organisées en Belgique.