Jean Victor SCHNETZ (1787-1870)

Vendu


Jeanne d’Arc sur les murs d’Orléans, vers 1817-1820
Lavis d’encre et gouache blanche sur papier brun
24,5 × 18,9 cm
Annoté sur l’ancien montage Schnetz

En cours d’acquisition par le musée d’Orléans

Jean Victor Schnetz naît et grandit à Versailles pendant les dernières années du règne de Louis XVI. Adolescent, il intègre d’abord l’atelier de Jean-Baptiste Regnault au Louvre puis celui de Jacques Louis David en 1812. Durant sa formation, il fait la connaissance de Léopold Robert et de François Joseph Navez. Schnetz tente à maintes reprises le concours du prix de Rome, sans succès, et n’obtient finalement qu’un second prix en 1816 devancé par Jean-Baptiste Thomas. Ayant atteint l’âge limite pour concourir, il décide de gagner l’Italie par ses propres moyens. Installé à Rome dans un atelier via del Babuino, à proximité de celui d’Ingres, il rencontre Maria Grazia, une belle Italienne qui sera son modèle avant de devenir sa compagne. Sur place il se lie avec le peintre Auguste Vinchon, lauréat en 1814 et pensionnaire de la Villa Médicis entre 1816 et 1819. 

Ce séjour est également marqué par l’influence de Théodore Géricault qui, comme Schnetz, a fait le voyage en Italie à ses frais. Déjà fort d’une solide reconnaissance en France, Géricault découvre à Rome l’art des maîtres de l’Antiquité et de la Renaissance. Il multiplie les études, les dessins et trace sur des feuilles préparées en brun ses compositions à la pierre noire qu’il relève de larges aplats de gouache blanche. Schnetz, qui peut voir les travaux de son ami, adopte quelques fois sa technique. Plusieurs œuvres conservées témoignent de cette filiation, mais aucune ne l’illustre aussi parfaitement que ce dessin montrant Jeanne d’Arc sur les murs d’Orléans. Envoyée à Orléans en mission de ravitaillement par le roi Charles VII, Jeanne, revêtue de son armure, libère la ville du siège des Anglais dans la nuit du 7 au 8 mai 1429. L’artiste choisit de représenter la jeune femme de dos, son étendard dans une main et l’épée levée dans l’autre, escaladant les remparts. À ses pieds, le corps esquissé d’un soldat mort et, lui faisant face, des soldats anglais lourdement armés. L’utilisation du papier brun restitue ici, de façon très convaincante, l’atmosphère nocturne de la scène. Quelques années plus tard, Auguste Vinchon, son compagnon de voyage en Italie, choisira ce même sujet pour une très grande toile exposée au Salon de 1824. Bien que Jeanne y soit représentée de face, les deux compositions apparaissent suffisamment proches pour qu’il soit permis de penser que l’auteur avait présent à l’esprit le dessin de son ami. 

De retour en France, Schnetz connaît le succès et reçoit de nombreuses commandes de peintures à sujet religieux ou historique. Attaché à la Ville éternelle et aux artistes qui y sont installés, il retourne aussi souvent que possible en Italie. Fort de son élection à l’Académie des beaux-arts en 1837, le peintre succède à Ingres comme directeur de la Villa Médicis de 1841 à 1846, poste qu’il occupera de nouveau entre 1853 et 1866.