Jean Pierre Denis SULMONT (? -1822)

Siméon parlant à ses frères, 1810
Plume noire, lavis d’encre brune et rehauts de gouache blanche sur papier préparé en brun
46 × 60 cm
Signé et daté sur le montage d’origine Sulmont 1810 ; complété d’un cartel central manuscrit avec un extrait de Joseph [1767] de Paul Jérémie Bitaubé (1732-1808)
Expositions : Paris, Salon de 1810, no 746 : « Siméon s’unit à ses frères pour perdre Joseph » ; Paris, Salon de 1814, no 850 : « Siméon parlant à ses frères »
Provenance : vente anonyme, 14 mai 1990, Paris, hôtel Drouot [Me Morelle], no 41 : « Simon parlant à ses frères. Dessin au lavis de sanguine gouaché, annoté “Sulmont 1810” »

De nombreux artistes oubliés ressurgissent avec la découverte d’œuvres dont la qualité et l’intérêt justifient l’étude. Jean Pierre Denis Sulmont est de ceux-là. Si les livrets mentionnent les titres d’une douzaine de ses réalisations exposées au Salon entre 1804 et 1814, les rares listes ou dictionnaires qui le citent ignorent tout de sa vie et de sa formation. Nous savons qu’il vécut à Paris au moins à partir de 1804 à différentes adresses autour de la rue Saint-Jacques avant de s’installer en 1814 au numéro 15 de la rue Saint-Dominique. 

L’œuvre qui permet d’apporter un éclairage nouveau sur l’artiste est un grand dessin au lavis d’encre de style néoclassique et d’inspiration davidienne représentant Siméon parlant à ses frères, épisode tiré de la Genèse. La composition exposée pour la première fois au Salon de 1810 nous montre dix hommes vêtus à l’antique entourés de quelques moutons dans un décor de forêt. Au centre, l’un d’eux prend la parole. Le personnage de Siméon est l’un des onze frères qui prirent la décision de vendre Joseph comme esclave à des marchands en chemin vers l’Égypte. Sulmont associe à son dessin une citation manuscrite extraite du chant ii du poème en prose Joseph de Paul Jérémie Bitaubé publié en 1767 et réédité à plusieurs reprises au xixe siècle. L’extrait du texte retranscrit en légende par Sulmont mentionne, sans que l’artiste la représente, Sélima, une jeune bergère promise à Joseph par Jacob. Durant le Premier Empire, la vie de Joseph et la trahison de ses frères sert de propos à plusieurs œuvres scéniques : en 1806, Omasis ou Joseph en Égypte, tragédie biblique de Pierre Baour-Lormian, et, l’année suivante, Joseph, opéra biblique composé par Étienne Nicolas Méhul. Une autre adaptation, Pharaon ou Joseph en Égypte, mélodrame de Nicolas Lefranc-Ponteuil, joué la première fois à Paris au théâtre de la Gaîté le 22 juillet 1806, inclut le personnage de Sélima. Inspiré par ces représentations, Sulmont donne à sa composition des allures de scène de théâtre. 

En 1814, Jean Pierre Denis Sulmont participe pour la dernière fois au Salon en exposant probablement le même dessin qu’en 1810 sous le titre simplifié de Siméon parlant à ses frères. Après cette date l’artiste semble s’établir comme lithographe rue Saint-Dominique à Paris. Deux gravures – l’une titrée Est-ce que c’est bien vrai? Puis-je y compter?, l’autre, une étude d’arbre publiée en 1819 – attestent de ses nouvelles activités. Selon son acte de décès, Sulmont meurt veuf et sans descendance à Paris le 27 février 1822.