Jean Jacques de BOISSIEU (1736-1810)

Portrait de jeune homme de profil, vers 1770-1773
Sanguine sur traits de crayon sur papier
22 × 14,5 cm
En bas à gauche, cachet de la collection Alfred Beurdeley (Lugt 421)
Provenance : vente François Guichardot (1795-1875), 7-10 juillet 1875, Paris, hôtel Drouot, no 53 : « Portrait d’un jeune homme vu de profil et tourné vers la droite très-beau dessin à la sanguine » ; vente Alfred Beurdeley (1847-1919), 13-15 mars 1905, Paris, hôtel Drouot, no 2 : « Portrait de Jeune Homme/Dessin à la sanguine/Cadre en bois sculpté/Haut, 22 cent ; larg, 14 cent/(Vente Guichardot) », acquis lors de cette vente par Jules-Eugène Féral (1874-1944) pour 850 fr.
Vendu
Né en 1736 à Lyon, Jean Jacques de Boissieu, fils de médecin, s’intéresse tôt au dessin et reçoit les leçons de différents artistes locaux. En 1757, sur l’insistance de sa mère, Boissieu s’inscrit à l’école gratuite de dessin de Lyon, ouverte l’année précédente. À cette époque, il fournit des dessins aux éditeurs et publie ses premières gravures à l’eau-forte. Sa correspondance avec le graveur Jean Georges Wille, à qui il demande des conseils, le décide à prendre la route vers la capitale. Arrivé à Paris en juillet 1762, Boissieu commence à fréquenter d’autres artistes et se lie d’amitié avec Joseph Vernet, Claude Henri Watelet et Jean-Baptiste Greuze. Durant ce premier séjour de presque deux ans, il fait la connaissance du duc de La Rochefoucauld qui l’invite à l’accompagner jusqu’en Italie. Entre 1765 et 1766, il visite Rome, Naples, Gênes ainsi que la plupart des sites remarquables de la péninsule où il dessine sans relâche.
De retour à Lyon, Boissieu affirme son inclination pour le paysage mais réalise également de nombreux portraits de ses proches, principalement au crayon et au lavis. Entre 1770 et 1773, il intègre la sanguine orangée à sa technique et multiplie les dessins tracés à la pointe de ce nouveau médium : son autoportrait conservé au Metropolitan de New York est le plus emblématique de cette série. La feuille montre l’artiste en buste de trois quarts se détachant sur un fond savamment hachuré. Précédemment passé dans la collection du marchand d’estampes François Guichardot puis dans celle d’Alfred Beurdeley, cet autoportrait fut associé dans ces deux collections à une autre sanguine d’égale qualité représentant un jeune homme de profil. Non localisé depuis la vente Beurdeley de 1905, ce portrait, dont le modèle n’est pas identifié, paraît saisi sur le vif. La tête tournée vers la droite et légèrement inclinée, l’adolescent d’une quinzaine d’années porte des cheveux longs attachés sur la nuque. Sa bouche juste entrouverte et son regard fixant un point hors de la feuille lui confèrent un dynamisme vibrant. Ce jeune homme devait être un proche de Boissieu, l’un de ses neveux ou le fils d’un ami, car il se retrouve dans des postures différentes sur d’autres feuilles de l’artiste.
À partir du début des années 1780, Jean Jacques de Boissieu connaît une notoriété grandissante comme dessinateur et graveur. Il contribue à l’Encyclopédie de Diderot et devient membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. De nombreux amateurs français et étrangers collectionnent ses œuvres et visitent son atelier lyonnais. Après sa mort en 1810, l’intérêt pour son travail ne faiblit pas et certaines de ses plus belles feuilles sont aujourd’hui conservées dans les principaux musées internationaux.