Jean-Baptiste ISABEY (1767-1855)

Vendu

Portrait-charge d’Auguste Régnier (1787-1860), vers 1815
Lavis d’encre noire et mine graphite sur papier
26,5 × 21 cm
Signé en bas à droite Isabey fecit
Titré au verso Rénier [sic]/peintre

Vendu

Le portrait-charge, dont le procédé remonte à l’Antiquité, consiste à déformer graphiquement la physionomie d’un individu à des fins critiques ou humoristiques. Cette démarche satirique, également appelée caricature depuis le milieu du xviiie siècle en France, connaît une période de renouveau pendant la Révolution française et se voit largement popularisée par la gravure. De nombreux artistes, à l’image du célèbre Jacques Louis David, s’exercent alors avec talent dans cette discipline. Au début du siècle suivant, le peintre Jean-Baptiste Isabey, principalement connu pour la virtuosité de ses portraits miniatures représentant des personnalités du Premier Empire, pratique avec bienveillance la caricature. D’un pinceau rapide et incisif, il croque sur le papier ses amis, sa famille et les artistes de son temps. 

L’un de ces dessins, tracé à l’encre brune et titré au verso « Rénier », représente de profil un peintre encore relativement méconnu, Auguste Jacques Régnier. Cet ancien élève de Jean Victor Bertin, célèbre paysagiste néoclassique formé chez Pierre Henri de Valenciennes, vient de faire ses débuts au Salon de 1812. Le tableau qu’il présente cette année-là, intitulé Paysage, temps orageux, représente une jeune femme au centre d’une nature menaçante et intègre des accents romantiques qui l’éloignent des œuvres néoclassiques de Bertin. Peintre voyageur, il parcourt l’Auvergne, le Dauphiné, la Normandie et la Picardie à la recherche de nouveaux motifs. Ses toiles qui finissent par attirer l’attention de la duchesse de Berry et du duc d’Orléans lui permettent d’intégrer les cercles artistiques à la mode sous la Restauration. Le dessin d’Isabey, qui doit dater de cette période, fut probablement réalisé à l’occasion d’une réunion d’artistes dans un salon à la mode. Isabey multiplie ces dessins pleins d’humour croqués devant ses modèles, lors de dîners ou de séances à l’Institut. Certaines de ces charges pouvaient être répétées à l’identique pour être offertes à plusieurs personnes. Celle représentant Régnier existe au moins en deux exemplaires, le second étant aujourd’hui conservé à Marseille, au musée Borély.

Par la suite, Auguste Régnier connaît un succès grandissant en participant régulièrement au Salon et reçoit plusieurs commandes officielles, notamment pour la galerie de Diane du château de Fontainebleau et pour l’église Saint-Roch à Paris. Au début des années 1820, il se lie d’amitié avec le peintre anglais Richard Parkes Bonington qui lui fait découvrir l’œuvre de John Constable. De ce dernier, il possédait une esquisse de paysage que toute la nouvelle génération des peintres romantiques venait admirer dans son atelier.