Jacques Martial DEVEAUX (1825-1916)

Vendu

Joueur de muse, 1852
Pierre noire sur papier
41,8 × 55 cm
Signé, localisé et daté en bas à droite Deveaux Rome/1852.

Vendu

Né à Paris en 1825 dans une famille d’artisans, Jacques Martial Deveaux est initié à la gravure héraldique avant d’entrer en apprentissage chez un orfèvre à l’âge de quatorze ans. Fort d’une solide formation technique, il est admis à l’École des beaux-arts en 1846 dans l’atelier du graveur Achille Louis Martinet. Après deux années, Deveaux obtient le premier prix de Rome de gravure en taille-douce pour une académie d’après nature gravée au burin. Les autres gagnants du concours de 1848 sont Gustave Boulanger et William Bouguereau, ex aequo en peinture, Gabriel Jules Thomas en sculpture et Charles Garnier en architecture. Rapidement Deveaux, comme tous les nouveaux lauréats, prend la route de l’Italie jusqu’à la Villa Médicis où débute son pensionnat en janvier 1849. 

À cette époque, Jean Alaux, alors directeur de l’Académie de France à Rome, veille au bon déroulement des études et impose chaque année les sujets pour les envois obligatoires. Deveaux présente d’abord deux grands dessins d’après des peintures de Raphaël sur les thèmes d’Héliodore et de la délivrance de saint Pierre. En 1851, outre de nouvelles études d’après les maîtres anciens, l’artiste doit dessiner devant le modèle vivant. Cet exercice imposé est un incontournable de la formation académique à la Villa. Si, le plus souvent, l’administration fait appel à de jeunes ouvriers italiens qui, contre une pièce, viennent prendre la pose, nus face aux étudiants, à défaut, les élèves eux-mêmes ont quelquefois à se déshabiller à tour de rôle pour servir de modèles. Un grand dessin exécuté par Deveaux en 1852 doit résulter de l’une de ces séances. Il représente de profil un jeune homme nu assis soufflant dans une muse. Autrement appelé chalumeau, l’instrument est un cylindre creux perforé sur la face, dont l’étroite embouchure se courbe et s’élargit jusqu’au pavillon. Le modèle au corps bien dessiné porte une élégante barbe en collier et une moustache peu fournie qui incitent à penser qu’il pourrait s’agir d’un pensionnaire. L’œuvre ne manque pas d’évoquer au regard contemporain le Jeune homme nu assis sur un rocher peint par Hippolyte Flandrin à la Villa en 1837. 

Après cinq années passées à Rome, Deveaux quitte l’Italie en décembre 1853 pour rentrer à Paris. Comme tous les anciens lauréats, il bénéficie de la générosité de l’État et répond à de multiples commandes. Spécialisé dans le portrait gravé, il fait une brillante carrière et participe au Salon où il remporte plusieurs récompenses en 1864, 1878 et 1889. Au cours de ses années italiennes, l’artiste a construit une amitié durable avec son condisciple l’architecte Charles Garnier dont il nous a laissé plusieurs caricatures et portraits dessinés ou gravés.