Hippolyte BELLANGÉ (1800-1866)

Le Camp du duc d’Orléans près de Compiègne, 1836
Aquarelle sur papier
29 × 38 cm
Signé en bas à gauche hte. B. ; titré et daté à la mine de plomb en haut à droite Aspect général du camp d’Orléans des hauteurs de Clairoye [sic pour Clairoix]/au camp de Compiègne 7bre 1836
Provenance : probablement vente après décès de l’artiste, 18-20 mars 1867, Paris, hôtel Drouot [Mes Boussaton et Pillet], no 211-219 : « Manœuvres au camp de Compiègne./Neuf feuilles d’études à l’aquarelle »ou no 220-225 :« Camp de Compiègne. /Six feuilles d’études à l’aquarelle »

Hippolyte Bellangé, né à Paris en 1800, entre chez Antoine Jean Gros à l’âge de seize ans, après de courtes études générales au collège. Son maître, qui venait de reprendre l’atelier de Jacques Louis David exilé à Bruxelles, transmet à toute une génération d’élèves son goût pour les peintures de batailles et un certain réalisme. Bellangé fait son apprentissage aux côtés d’Eugène Lami, Paul Delaroche, Camille Roqueplan et Richard Parkes Bonington, mais surtout se lie d’une durable amitié avec Nicolas Toussaint Charlet, son aîné de huit ans. Fervent admirateur de Théodore Géricault, ce dernier lui fait connaître l’art sans concession du peintre romantique. Charlet l’initie à la technique nouvelle de la lithographie et lui présente un jeune artiste, Auguste Raffet, qui partage leur goût pour la peinture militaire. Après des débuts discrets au Salon de 1822, le peintre est récompensé par une médaille deux ans plus tard, mais doit attendre 1834 pour connaître la consécration. Cette année-là, son Napoléon au retour de l’île d’Elbe lui offre un immense succès tant critique que public. L’œuvre lithographiée par Bellangé lui-même assure à son auteur une popularité durable. 

Par souci de précision documentaire et de réalisme dans ses représentations de costumes ou de scènes de bataille, Hippolyte Bellangé fréquente les camps d’entraînement situés à proximité de Paris. Accompagné par son ami Raffet, il se rend à Compiègne où depuis le milieu du xviie siècle les armées royales s’entraînent régulièrement aux manœuvres. Le prince Ferdinand Philippe, fils aîné du roi, blessé durant la campagne d’Algérie, rentre en France auréolé de gloire en 1836. À Compiègne, pour préparer son prochain départ en Afrique du Nord, il dresse un camp où sont réunis 25 000 hommes et 5 000 chevaux. Profitant de l’occasion, Bellangé et Raffet réalisent sur place des dizaines de dessins et d’aquarelles.

Un jour de septembre 1836, installé sur les hauteurs de la colline de Clairoix, au nord de la ville, Bellangé trace, en un paysage synthétique, une vue d’ensemble du camp militaire. Le terrain qui occupe la moitié inférieure de la feuille est dominé par une large bande blanche de papier. L’Oise, laissée en réserve, se divise et fractionne la plaine traitée en un jeu de verts, de bleus et de bruns. Des rangées d’arbres parcourent le paysage tandis qu’au centre de la page des points minuscules évoquent les soldats à l’entraînement. Au loin sur la droite, le massif clocher de l’église Saint-Jacques signale la cité. Bellangé termine son œuvre en comblant le bas de la feuille d’un large et surprenant coup de pinceau chargé d’aquarelle bleue. Le musée Condé à Chantilly conserve une feuille de Raffet au cadrage identique qui suggère que les deux artistes travaillèrent leurs sujets l’un auprès de l’autre.