Gustave Désiré BOURNICHON (1818-1878)

L’Entrée du harem de l’ancien palais de la Djenina à Alger, 1853
Aquarelle et crayon sur papier
22,2 × 28,9 cm
Signé en bas à droite GBournichon
Légendé, localisé et daté au dos de l’ancien montage harem de/Djenina Alger/1853
Vendu
La Djenina, ou Jenina, était un important ensemble architectural situé au cœur d’Alger dont la construction débute au milieu du xvie siècle. Elle se composait d’un palais, d’une mosquée, d’un petit jardin, le Djenan, qui lui donna son nom, et d’un harem (appelé Der-Ahmed), ajouté au début du xixe siècle. Les deys d’Alger habitèrent la Djenina jusqu’en 1817, époque à laquelle Ali Ben Hamed, avant-dernier dey menacé par les janissaires, se retira avec ses gens et son trésor à l’abri de la kasbah sur la citadelle. Après la prise de la ville par les Français le 5 juillet 1830, le palais de la Djenina fut occupé par l’administration militaire, la mosquée transformée en dortoir et le harem Der-Ahmed en résidence pour l’état-major et plusieurs hauts fonctionnaires. En 1844, un terrible incendie détruit une grande partie du quartier et réduit le palais en cendres.
Gustave Bournichon, jeune architecte, ancien élève d’Hippolyte Lebas, est envoyé en poste en Algérie comme assistant de Pierre Auguste Guiauchain avant d’être nommé premier architecte en chef des bâtiments communaux d’Alger en 1852. Dans le cadre de ses fonctions, ils arpentent la ville dont il dessine les moindres recoins. Un jour de 1853, Bournichon décide de s’intéresser aux ruines de la Djenina et esquisse l’une des anciennes entrées du harem. Ce qu’il reste du bâtiment à cet endroit ne possède qu’un niveau et semble avoir en partie résisté aux flammes. Tracée au crayon et rapidement rehaussée d’aquarelle, la composition dirige le regard sur une porte en bois légèrement surélevée que précèdent quelques marches. Un autre accès ouvert et une deuxième porte sur la gauche sont plongés dans l’ombre. Çà et là, quelques touches de gris et de rouge témoignent de l’incendie. La feuille, qu’aucune figure ne vient animer, évoque certaines belles pages aquarellées par Eugène Delacroix dans ses célèbres carnets de voyage vingt ans plus tôt. En 1856, l’administration coloniale décide de détruire ce qu’il reste de la Djenina pour créer sur l’espace laissé vacant une immense place d’armes nommée place du Gouvernement et destinée à l’entraînement des troupes. Gustave Bournichon, en tant qu’architecte, signe le projet de façade des immeubles à arcades qui vont y être élevés après son départ en 1858.
De retour en France, Bournichon limite probablement ses activités d’architecte pour exposer au Salon à partir de 1863 de nombreux dessins ou aquarelles le plus souvent inspirés de son long séjour à Alger. En 1865, l’une de ses œuvres représente précisément une partie de la Djenina sous le titre de Cour intérieure de l’ancien palais des Janissaires, à Alger (Jenina). Devenu membre de la Société nationale des architectes en 1867, il meurt en 1878. Aujourd’hui, et depuis 1962, la place, sur laquelle se dressait l’ancien palais détruit, a pris le nom de place des Martyrs en hommage aux combattants algériens morts pour l’indépendance.