Édouard Léon Louis WARSCHAWSKY, dit EDY-LEGRAND (1892-1970)

Vendu

Faust aux enfers, vers 1940
Crayon noir lavé et gouache blanche sur papier gris
32,8 × 25 cm
Signé en bas à gauche Edy Legrand
Au verso, cachet du service d’information du Maroc Bureau de Rabat/Le 2/10/1940 ; en bas au crayon bleuFaust II/no 29
Publication : illustration pleine page du livre second, acte cinquième de Faust, Montpellier, Union latine d’éditions, 1942 [n.p. ; entre les pages 232 et 233]

Vendu

Edy-Legrand naît à Bordeaux en 1892 sous le nom d’Édouard Léon Louis Warschawsky. Son père, un juif d’origine russe, et sa mère bordelaise le soutiennent dans ses ambitions artistiques. Après des études secondaires dans un établissement genevois, Édouard est admis à l’École des beaux-arts de Paris et choisit de prendre le pseudonyme d’Edy-Legrand. Sa formation terminée, il commence à travailler comme illustrateur pour des éditeurs parisiens et connaît son premier succès en 1919 avec un livre pour enfants, Macao et Cosmage ou l’Expérience du bonheur. L’ouvrage, publié par la Nouvelle Revue française et considéré aujourd’hui comme révolutionnaire, marque la prédominance de l’image sur le texte dans la littérature enfantine. Au début de la décennie suivante, l’artiste entame une longue collaboration avec la maison d’édition Tolmer, participant d’autre part au Salon d’Automne ainsi qu’à celui des Indépendants. Son style synthétique et coloré, parfaitement adapté aux arts décoratifs, le fait remarquer des grands armateurs qui lui passent commande de panneaux pour le luxueux paquebot Île-de-France en 1927 puis pour le célèbre Normandie en 1935. Dès 1928, la galeriste américaine Marie Steiner, séduite par son travail, expose ses œuvres à New York. À l’invitation de son ami Jacques Majorelle, Edy-Legrand se rend au Maroc en 1933, prélude d’une découverte plus générale des pays du Maghreb où l’artiste s’installe et qui devient dès lors une source inépuisable d’inspiration. De l’autre côté de la Méditerranée, sa palette évolue vers plus de vivacité et ses sujets gagnent en légèreté. Inlassable illustrateur, Edy-Legrand contribue avec ses œuvres graphiques à plus de cent cinquante ouvrages. Dans son catalogue, les auteurs modernes aujourd’hui célèbres ou oubliés côtoient les plus grands noms de la littérature mondiale. Sur le papier, l’artiste interprète les textes de George Sand, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant, Anatole France et Henri de Montherlant, mais également les monuments que sont La Divine Comédie de Dante publiée en 1938 et le Faust de Goethe en 1942. 

Commandée au début de la Seconde Guerre mondiale par l’Union latine, maison d’édition installée en zone libre à Montpellier, l’illustration du Faust est commencée au Maroc en 1940. Publié en deux tomes, le texte est illustré d’un frontispice et de tirages photographiques d’après soixante dessins. L’œuvre originale pour la dernière planche du second livre, représente la tête de Faust entourée d’une multitude de mains et de regards comme autant de rayons autour d’un soleil. Le visage de l’alchimiste, paré d’une barbe blanche, tourne ses yeux vides en direction du ciel qui s’ouvre en tribunes sur une assemblée d’anges. Tracée au crayon noir lavé et relevée à la gouache blanche sur une feuille de papier gris, la composition exprime toute l’ambition fantastique de la pièce de Goethe, dont la première partie fut initialement publiée en 1808, et la suite après la mort de son auteur en 1832.