COMPANY SCHOOL, Inde, début du XIXe siècle

Napoléon à cheval, vers 1815
Aquarelle et or sur papier découpé à la forme
19,5 × 19 cm
Vendu
L’influence européenne en Inde, principalement celle de l’empire britannique durant les xviiie et xixe siècles, a donné lieu à un échange artistique unique dont le genre hybride a été baptisé « Company style ». Ce style résulte de la fusion d’éléments iconographiques traditionnels hérités de la peinture moghole avec un traitement occidental de la perspective et du volume. Il montre également l’utilisation par les artistes indiens de l’aquarelle et du lavis d’encre sur des papiers d’origine européenne pour remplacer la gouache diluée. Les ateliers se multiplient pour répondre à la demande d’une clientèle occidentale attirée par la curiosité de ces œuvres, le plus souvent de petits formats et mélangeant les traditions. Avec les années, les différents comptoirs commerciaux de l’East India Company et les principales villes indiennes développent des styles qui possèdent leurs propres spécificités. Il existe une infinité de sujets traités par ces artistes ; si certains sont empruntés à l’iconographie locale, d’autres s’inspirent de gravures importées d’Europe et illustrent des scènes de la vie quotidienne, des batailles ou l’actualité politique.
La représentation de Napoléon peut paraître inhabituelle pour un artiste indien, mais correspond bien à l’intérêt qu’ont porté les ateliers de l’époque coloniale aux sujets occidentaux. De nombreux exemples de portraits d’officiers ou de marchands anglais dans le style des Company paintings existent. En Inde, l’empereur conquérant était perçu comme une figure fascinante, et sa mise en image par des artistes locaux témoigne de son prestige loin au-delà des frontières européennes. Les portraits gravés et les caricatures de Napoléon traversaient les océans sur les bateaux de commerce ou ceux de la marine britannique pour atteindre les côtes indiennes. L’un d’eux aura servi de modèle à un artiste indien, peut-être à la demande précise d’un commanditaire européen, pour réaliser une effigie de Napoléon sur un cheval blanc. Représenté de profil, l’empereur des Français apparaît dans un costume militaire qui ne cache rien de son embonpoint et exagère la petitesse de sa taille. Le fait que Napoléon et son cheval soient découpés et collés sur un papier de fond correspond à une pratique courante dans l’art colonial indien. Les artistes pouvaient créer des figures individuelles qui étaient ensuite collées sur des fonds paysagés ou tels quels dans des albums destinés au marché européen.
Il peut être intéressant de signaler que Napoléon avait nourri un temps l’ambition de conquérir l’Inde avec le soutien de certains princes locaux. Après la défaite de Waterloo, l’empereur déchu fut retenu captif jusqu’à sa mort sur l’île de Sainte-Hélène. Cette île, qui n’était pas la propriété de la couronne anglaise, mais celle de l’East India Company, servait de point d’appui aux navires britanniques en route vers les Indes.